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08\12\13 homélie de Mgr Brouwet

Le 8 décembre 2013, le sanctuaire de Lourdes a célébré la fête de la solennité de l’Immaculée Conception. Une messe internationale a été organisée en l’église Sainte-Bernadette. Voici le texte de l’homélie prononcée au cours de cette messe par Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes.

1- Le péché

« J’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Dans la première lecture, vous l’avez entendue, le livre de la Genèse nous décrit ce qui se passe dans le cœur et dans l’esprit de l’homme pécheur, de l’homme qui vient de se dresser contre Dieu. Il réalise qu’il est nu ; il prend peur ; il se cache et il se fait accusateur. C’est comme la logique du péché qui se déploie devant nos yeux dès les premières pages de l’Ecriture.

L’homme dans sa nudité. En voulant s’affranchir de Dieu, en prétendant ne plus dépendre de lui, en voulant se donner à lui-même ses propres lois de vie, l’homme se retrouve livré à lui-même dans une profonde solitude.

Il ne veut plus dépendre de quiconque ; mais alors, comme le fils prodigue qui a dépensé l’héritage, il ne sait plus trouver la source pour étancher sa soif. Il prend conscience de sa pauvreté, de son incapacité à donner sens à sa vie. Il est seul, face à lui-même et il ne se comprend plus. Il ne saisit plus ce pour quoi il est fait, il ne saisit plus son appel originel. Voilà sa nudité. Il a comme retiré le beau manteau de la communion avec Dieu qui l’enveloppait et qui lui rappelait à la fois sa vocation, son identité et sa dignité.

Du coup, il prend peur face à Dieu. A la joie de la communion, succède l’angoisse devant Dieu. Parce que dans l’amitié originelle avec Dieu, l’homme voyait Dieu comme un ami, comme une chance, comme un don. Après le péché, il ne le comprend plus que comme une menace. La confiance a disparu. Dans la logique originelle, la rencontre de l’homme avec Dieu est un émerveillement et une grâce. Dans la logique du péché elle devient pour l’homme une insupportable remise en cause de lui-même et de son désir d’indépendance.

Voilà pourquoi, d’ailleurs, il se cache. Il croit pouvoir fuir le regard de Dieu et cherche à se créer un monde à part, un monde qui disparaîtrait aux yeux du Créateur. Il veut se créer un espace à lui, caché, dont il serait le seul maître et dans lequel il n’aurait de compte à rendre qu’à lui-même.

C’est pourquoi, enfin il accuse. « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre ». L’homme refuse sa responsabilité dans le drame qui vient de se nouer. Il rejette cette responsabilité sur la femme. Elle est coupable, elle est fautive. Et si Dieu ne lui avait pas donné cette femme, s’il ne l’avait pas mis en communion avec elle, au fond tout cela ne serait pas arrivé.

L’homme en arrive à penser que Dieu l’a piégé. Il ne sait plus regarder cette compagne avec tendresse et miséricorde. Il n’a plus d’égard pour elle. Dans sa tentative de se séparer de Dieu, il a rompu la relation de confiance avec cette femme qu’il avait pourtant reçue dans la joie ; dès que l’homme se sépare de Dieu et s’enfonce dans sa solitude, il ne sait plus goûter à la joie de la communion, au bonheur d’aimer

2- L’espérance

Avez-vous remarqué que le dernier mot de Dieu, dans ce passage de la Genèse, n’est pas du tout un mot de condamnation mais une parole d’espérance ?

Elle annonce déjà la victoire de la femme sur le serpent, sur le tentateur, sur l’ennemi par excellence.

C’est que Dieu ne se laisse pas enfermer par le péché de l’homme. Ce péché n’oblige pas Dieu, ne le contraint pas ; il n’a pas de pouvoir sur son dessein de bienveillance à l’égard de l’homme. Et Dieu voit plus loin que le refus de l’homme. Le mal n’a jamais le dernier mot.

On commence à le comprendre au dernier verset.  La femme est nommée Eve. Elle est la vivante, la mère de tous les vivants. Par elle Dieu ouvre ainsi une perspective, une route  à l’humanité. L’humanité n’est pas anéantie ; la vie lui est donnée pour qu’elle retrouve le chemin de Dieu. Elle n’est pas enfermée dans son péché : un avenir lui est promis ; la patience, l’espérance, la confiance de Dieu lui sont offertes.

Il est très important que nous comprenions cela : le péché, le refus de Dieu, nos échecs, nos faiblesses ne sont pas une fatalité parce que Dieu en a déjà triomphé par sa mort et sa Résurrection.

La vie nous est donnée pour nous convertir et retrouver notre vocation originelle : entrer en communion avec Dieu, partager sa vie, partager sa sainteté ; Dieu le Père veut nous rendre le manteau perdu par le péché, le manteau de notre dignité et de notre communion avec lui ; mais il veut également plus comme l’écrit saint Paul aux Ephésiens : il veut que nous habitions dans sa maison comme des fils, partageant l’héritage comme le fils aîné de la parabole : « tout ce qui est à moi est à toi ».

Cette vocation, nous la retrouvons avec Marie, l’Immaculée. En elle il n’y a pas de résistance à Dieu ; il y a juste cette ouverture au don de Dieu, au projet de Dieu : « qu’il me soit fait selon ta parole ». Comparez les deux dialogues avec Dieu que nous avons entendus aujourd’hui : il y a celui qui a peur de Dieu et qui se cache; il y a celle qui accueille dans la paix le dessein du Père sur elle ; et qui l’accueille sans réserve, sans angoisse, sans condition. Marie nous éduque à ce « oui » à Dieu, à ce dialogue avec Dieu, à cette disponibilité à Dieu. Elle nous apprend à nous libérer de toute peur de Dieu ; elle nous apprend à ne rien craindre du regard de Dieu ; elle, l’humble servante, nous apprend à ne pas avoir peur de notre nudité, de notre pauvreté devant Dieu parce qu’elle est la condition nécessaire pour se laisser habiter par les richesses de sa grâce ; et par la beauté de ses dons.

Pourquoi tant de pèlerins viennent-ils à Lourdes années après années ? Parce qu’au fond, c’est ce qu’ils retrouvent avec Marie : leur vocation à la sainteté, leur vocation à partager la vie de Dieu.

Avec Marie, l’Immaculée, nous comprenons l’espérance de Dieu le Père sur chacun de nous ; nous avons un avenir ; et cet avenir il est auprès de lui, dans la confiance et dans la paix, dans l’amitié et la communion retrouvées. Ici, devant la Grotte, dans la pauvreté et la nudité de la Grotte, nous saisissons que Dieu n’a pas abandonné l’humanité à elle-même mais qu’il veut continuer le dialogue avec elle et l’élever jusqu’à lui. Marie en est le premier témoin dans l’action de grâce du Magnificat.

Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, dimanche 8 décembre 2013

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