Lourdes, le sanctuaire aimé des Italiens
La saison des pèlerinages s’est ouverte dimanche 24 mars, dans la cité mariale, sur le thème « Lourdes, une porte de la foi ».
Jusqu’à la fin du mois d’octobre, les foules vont emplir le sanctuaire. L’Italie sera une fois de plus la nation étrangère la plus représentée.
« 1,3 million de pèlerins italiens viennent à Lourdes chaque année, et 500 Italiens résident dans les Hautes-Pyrénées, annonce Franco Santi, consul d’Italie dont les bureaux sont ouverts depuis 1999 au cœur de la cité mariale. Ma mission est essentiellement d’aider les Italiens établis dans le département, surtout sur le plan administratif : passeports, retraites, décès. » Le décor est planté : les Italiens aiment Lourdes. Mais d’où leur vient cette affection qui fait de l’Italie la nation étrangère la plus représentée à Lourdes ?
Cette fidélité des Italiens est en tout cas à l’origine d’un succès d’audience sans commune mesure pour TV Lourdes, la webtélé du sanctuaire, dont les Italiens sont chaque jour les premiers téléspectateurs. Symptomatique, l’audience du 11 février de chaque année, fête de Notre-Dame de Lourdes, couronne sans cesse l’Italie à la première place mondiale : 40 % des visites le 11 février en moyenne sur ces quatre dernières années, la France arrivant toujours après, avec « seulement » 15 %.
Des téléspectateurs généreux
Forte de son succès, TV Lourdes a suscité l’intérêt de TV 2000, la chaîne de la Conférence épiscopale italienne, qui a sollicité les responsables du sanctuaire pour deux rendez-vous quotidiens en direct de Lourdes : l’Angélus de midi et le rosaire de 18 heures. Le 18 mars, Marco Guglielmi, directeur général de TV 2000, est d’ailleurs venu remettre aux responsables du sanctuaire un chèque de 200 000 €, fruit de la générosité spontanée de ses téléspectateurs pour les aider après les inondations d’octobre 2012.
« Nous avions décidé d’arrêter l’opération au 31 décembre, mais en vain, nos téléspectateurs continuent de faire des dons, a-t-il expliqué en souriant. Nous vous remettrons donc ultérieurement un autre chèque ! » Chaque jour, un demi-million d’Italiens regardent ainsi Lourdes. « Quand le chapelet commence, ce sont toutes les régions de l’Italie qui prient ensemble », prolonge le P. Nicola Ventriglia, oblat de Marie Immaculée, coordinateur de l’accueil des pèlerins italiens et animateur du rosaire de 18 heures.
Des associations dynamiques
Au-delà d’Internet et de la télévision, bien que confrontés à de graves problèmes d’acheminement par le train, les pèlerinages italiens n’en demeurent pas moins dynamiques et créatifs. Ils viennent à Lourdes au moyen d’une vingtaine d’organisations comme l’Union nationale italienne de transport des malades à Lourdes et dans les sanctuaires internationaux (Unitalsi), l’Oftal, l’Opera Romana…
Les membres de l’Unitalsi, par exemple, fêtent cette année le 110e anniversaire de la fondation de leur association née de la volonté d’un jeune Italien handicapé de 22 ans, Giovanni Battista Tornassi. « Il était le fils de l’administrateur d’une grande famille princière de Rome, précise Alessandro de Franciscis, actuel président du bureau des constatations médicales du sanctuaire de Lourdes, lui-même originaire de Naples. Enfant, il avait fait une mauvaise chute qui l’avait laissé paralysé. Révolté contre Dieu, il avait décidé de se suicider à Lourdes. En août 1903, il arrive à la Grotte avec un revolver caché sous son manteau. Là, c’est le choc : il y découvre une humanité bien plus souffrante que lui. Bouleversé, il prend son revolver et fait appeler un prêtre à qui il le remet en disant : “Prenez-le, la Vierge a gagné, il ne me servira plus !” Rentré à Rome, il fonde l’Unitalsi. »
« Lourdes a fait l’unité ! »
Emanuele Boero, Turinois, est le responsable des structures d’accueil des pèlerins de l’Unitalsi à Lourdes depuis vingt ans. Hébergement d’une capacité de 925 lits dont 350 pour les malades, restauration, il dirige 20 permanents et 110 saisonniers. « 20 % d’entre eux sont italiens », explique celui qui aime à parler de l’Unitalsi comme d’une « citoyenne de Lourdes à part entière, âgée de 110 ans, intégrée dans le tissu économique et social de la ville et des Sanctuaires avec les 4/5 de ses salariés qui sont des Français ».
Pascale Leroy-Castillo, responsable du service des archives et du patrimoine du diocèse de Tarbes et Lourdes, met en exergue que, historiquement, « les Italiens sont loin d’être les premiers à se rendre à Lourdes puisqu’ils y arrivent seulement en 1875, bien après les Belges ». Il faut aussi prendre en compte l’unification tardive de l’Italie : « Lourdes a fait l’unité et l’unanimité. »
Une tendresse pour « leur Mère du ciel »
L’auteur de la trilogie Histoire des sanctuaires de Lourdes, l’historienne Chantal Touvet, ajoute trois autres raisons à ce succès de Lourdes en Italie : l’inauguration à Naples en 1874 d’une statue de la Vierge de Lourdes d’où est partie l’idée du premier pèlerinage national italien à Lourdes en 1875, la dévotion personnelle des papes, et l’implantation de l’Unitalsi dans la cité mariale dès 1972.
Elle évoque enfin une explication moins rationnelle : « Les Italiens sont très attachés à leur maman et à plus forte raison à leur Mère du Ciel. La tendresse qu’ils osent exprimer est très manifeste à Lourdes, alors que nous, les Français, sommes plutôt des cérébraux. Il est magnifique d’entendre le pape François nous dire de ne pas avoir peur de la tendresse ! »
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