Gens du voyage : «une histoire oubliée»
#Lourdes – Gens du voyage : «Pour la reconnaissance d’une histoire oubliée»
Jonathan Visse est aumônier pour le pèlerinage des gens du voyage et des gitans qui s’achève demain. Mais il milite aussi pour faire reconnaître l’histoire des «voyageurs» en France, notamment de leur génocide.
À 29 ans, Jonathan Visse, barbe bien coupée et croix sur la poitrine, s’occupe activement du pèlerinage des gitans et des gens du voyage. Le jeune homme y occupe la fonction d’adjoint au responsable national du rassemblement et est également en charge, avec d’autres voyageurs, de l’animation en direction des jeunes à Lourdes et aux Saintes-Maries. Originaire d’Angoulême, Jonathan fait partie de l’association des Alliés en Charente qui œuvre pour la reconnaissance totale des internés et déportés tsiganes durant la guerre. C’est avec précision, émotion et une grande implication qu’il explique son combat : «Ce sont des événements très méconnus et presque oubliés et il aura fallu attendre soixante ans pour la reconnaissance du camp qui existait à Angoulême et qui a été fermé après la Libération, en 1946».
«Nous sommes français»
Le jeune homme retrace également les discriminations dont ont été l’objet les gens du voyage dont il fait partie : «Il y a eu d’abord la loi de 1912 qui imposait le carnet anthropométrique et qui devait être montrée chaque fois que l’on traversait une commune, avant que ne soit institué le carnet de circulation qui imposait de se rendre au commissariat ou à la gendarmerie tous les trois mois. C’est ainsi que les nomades étaient assignés à résidence dans des camps où les conditions de vie étaient particulièrement difficiles, beaucoup y sont morts. Nous étions considérés comme des étrangers alors que nous avions vécu six siècles sur le territoire». Un carnet qui a été abrogé à peine l’an dernier pour laisser la place à de simples papiers d’identité : «Nous sommes français, nous sommes des voyageurs français et pas des étrangers, avec une culture, ses particularités et ses richesses. Garder notre identité, c’est le meilleur moyen de pouvoir vivre ensemble car c’est chacune de ces particularités qui fait la France avec les mêmes devoirs et les mêmes droits».
Une reconnaissance nécessaire aussi pour les descendants des personnes qui ont disparu dans ces camps mais également pour toute une population : «C’est une histoire de foi et de mémoire. Il existe encore des gens qui ont vécu cela. Il faut qu’ils puissent voir cette reconnaissance avant qu’il ne soit trop tard pour eux et pour nous, cela nous permettrait de faire une sorte de deuil, de se libérer».
Les JMJ à Cracovie
Son combat pour faire reconnaître le génocide envers les tsiganes, il le porte à chacun de ses voyages : «Nous sommes allés à Cracovie, aux JMJ, et le pape a fait mention de la déportation qui a aussi concerné les tsiganes. Pour nous, ce fut un moment très fort, car c’est très rare. Quand le pape s’est rendu à Auschwitz, nous sommes allés au camp de Kraków-Plaszów où rien ne subsiste aujourd’hui et où ont été internés de nombreux tsiganes. Un camp qui ressemble à notre histoire, presque oublié lui aussi. Là, on a rencontré des juifs de Pologne et on s’est rendu compte que nous avions vécu la même chose».
Delphine Pereira pour LA DEPECHE
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