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Une révolution de l’espérance

Un cardinal brésilien a osé se lever publiquement et avec force contre les “combines” de la Curie romaine dirigée de façon autocratique par des cardinaux italiens depuis trop longtemps. Vendredi dernier, lors de la neuvième Congrégation générale, Joào Braz de Aviz, le “Jean-Paul II du Brésil”, qui n’a plus peur de rien ni de personne après avoir échappé à une fusillade dans son pays, aurait été très applaudi pour son franc-parler par les cardinaux réunis dans la salle du Synode, d’autant plus qu’il préside depuis peu un dicastère à Rome, celui pour les Instituts de vie consacrée, fondé par le pape réformateur franciscain Sixte V… La réforme de la Curie est bien au centre des préoccupations à la veille du conclave, car, comme dit un proverbe napolitain, “le poisson pourrit par la tête”… Il est clair que cette question va être au coeur de l’élection du nouveau pape cette semaine, en vue d’une rénovation de toute l’Eglise. Une vraie surprise est à prévoir !

Mardi après-midi les cardinaux entrent en conclave et voteront une première fois. Ce scrutin initial est décisif car il permet de faire émerger les cinq ou six personnalités en mesure d’assumer la charge immense qui incombera au 266e successeur de l’apôtre Pierre. Dès mercredi, à raison de deux tours de scrutin le matin, et de deux autres l’après-midi, la fumée blanche pourrait apparaître, environ quarante minutes avant que le nouveau pape donne sa première bénédiction depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Le pape réformateur attendu sera à n’en pas douter un « conservateur de l’avenir », selon l’expression d’un cardinal français, capable de communiquer facilement dans un monde globalisé, spécialement avec les non-croyants.
« C’est une révolution de l’espérance que nous voulons servir », a dit par exemple le cardinal sri-lankais Albert Ranjith, dimanche, au cours de la messe qu’il célébrait dans l’église San Lorenzo in Lucina, où est enterré l’artiste français Nicolas Poussin. Les cardinaux électeurs, qui rencontraient les fidèles pour la messe dominicale dans leurs différentes paroisses romaines, ont tous beaucoup parlé de « reconstruction » de l’Eglise, après des années d’une crise tragique liée spécialement aux affaires de pédophilie sacerdotale.
Les mesures prises sont purificatrices et l’impératif de la cohérence évangélique s’impose maintenant à toute l’Eglise, notamment grâce au retour d’une plus grande exigence spirituelle dans le clergé, non sans rapport avec la beauté d’une liturgie dignement célébrée. Plus franciscain qu’Américain, l’archevêque de Boston, le cardinal Sean O’Malley, missionnaire capucin en sandales, sera dans le sens de cette « purification » l’un des acteurs exemplaires du conclave, d’où pourrait sortir un pape François 1er, selon des sources italiennes, en référence au saint d’Assise qui a rénové l’Eglise en son temps. « Les médias nous ont aidé à faire le ménage, nous devons les remercier », considère un cardinal, persuadé que le nouveau pape incarnera un catholicisme rénové, à l’image du cardinal O’Malley, aujourd’hui favori, qui n’acceptera d’ailleurs dit-on pas facilement son éventuelle élection.
Lors des messes du quatrième dimanche de Carême, commentant l’Evangile de l’enfant prodigue, les cardinaux prêchant dans les églises de Rome dont ils sont titulaires, ont tous souligné l’importance de la Miséricorde du Père céleste, source de la réconciliation. L’homélie très « wojtylienne » du cardinal Angelo Scola, dans la basilique des Douze Apôtres, insistait aussi sur la volonté d’expiation du fils prodigue, qui demande à son père de le traiter comme n’importe lequel de ses ouvriers. Il est clair que les « affaires » qui ont blessé profondément le vieux pape Benoît XVI ne resteront pas impunies, même si l’heure est à la refondation, avec des personnes intègres, qui seront choisis pour leur droiture. Lundi matin encore la presse italienne révélait des malversations financières touchant la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, mettant en cause des hommes de confiance du cardinal Tarcisio Bertone, ex-Secrétaire d’Etat de Benoît XVI. « L’Eglise a changé, elle est devenue un business, voilà pourquoi nous n’allons plus à la messe », répètent aux journalistes beaucoup d’Italiens dans les conversations où il est question du conclave. Pour le cardinal Philippe Barbarin, qui présidait l’eucharistie de dimanche à la Trinité des Monts, le pape, comme ambassadeur du Christ, doit savoir parler à la manière de l’apôtre Paul aux Corinthiens, invitant à nous laisser réconcilier entre nous et avec Dieu. A Corinthe un tremblement de terre avait détruit le grand port, et on libéra les prisonniers pour qu’ils participent à l’édification d’une ville nouvelle, expliquait le cardinal Barbarin, y voyant une « extraordinaire leçon spirituelle ». Ainsi les catholiques auront à reconstruire l’Eglise ensemble, sans la juger de l’extérieur.
Tout porte à penser que le collège cardinalice, très divisé encore il y a dix jours, a pu trouver une certaine harmonie après ces longues journées d’échanges sur l’essentiel. Vendredi le cardinal brésilien Joào Braz de Aviz a été applaudi par les cardinaux après son “coup de gueule” contre les “combines” de certains membres éminents italiens de la Curie, lui qui a été nommé en 2011 préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée, et qui connaît donc très bien le problème de l’intérieur… Lundi matin, pendant la dixième et dernière Congrégation générale avant l’ouverture du conclave, le cardinal Bertone s’est exprimé sur le fonctionnement de l’IOR, la banque du Vatican, dont il préside le conseil cardinalice de surveillance. Les grandes mises au point étant terminées, le conclave va enfin s’ouvrir après la messe « Pro Eligendo Romano Pontifice », présidée mardi matin par le doyen du Sacré Collège, le cardinal Angelo Sodano, qui a dépassé l’âge d’être électeur. Son homélie sera scrutée à la loupe puisqu’il est considéré à tort ou à raison comme le principal responsable des dysfonctionnements qui ont miné l’administration de l’Eglise sous le règne de Jean-Paul II, et ont publiquement surgi pendant le pontificat de Benoît XVI. Le prochain pape sait qu’il devra courageusement reprendre en mains la Secrétairerie d’Etat, livrée à pour ainsi dire à elle-même depuis la mort de Paul VI… et de Jean-Paul 1er, il y a 35 ans.
Vers 16h30, mardi, au chant des litanies des saints, et du Veni Creator Spiritus, les cardinaux entreront en procession dans la chapelle Sixtine, où ils auront à prêter serment de garder le secret des votes, la main sur l’Evangile, avant la fermeture des portes avec le rituel de « l’extra omnes », ces paroles qui demandent à tous ceux qui ne sont pas électeurs de sortir.
Quand un des membres du collège obtiendra 77 voix au moins sur 115, les deux-tiers, le représentant du doyen, le cardinal Giovanni Baptista Re, ira lui demander s’il accepte et quel nom il choisit, puis l’élu revêtira les habits pontificaux dans « la chambre des larmes » d’où il sortira comme métamorphosé. Les cardinaux lui feront obédience, et partiront ensemble vers le balcon de Saint-Pierre au chant du Te Deum. Le pape s’arrêtera devant le Saint-Sacrement, dans la chapelle Pauline de Miche Ange, ce qui est une innovation de ce conclave, inspirée certainement par Mgr Guido Marini, le Maître de cérémonies, formé à l’école spirituelle du cardinal Siri à Gênes. Le pape donnera ensuite sa première bénédiction apostolique Urbi et orbi, à la ville et au monde, une dizaine de minutes environ après que le cardinal Jean-Louis Tauran ait annoncé son nom à la foule. La messe d’inauguration du pontificat pourrait bien se dérouler le 19 mars, en la fête de saint Joseph, et de nombreuses délégations du monde entier se préparent à faire le voyage, en particulier celle du président Obama, pour saluer, qui sait, le premier pape venu du Nouveau Monde, qu’il soit canadien, citoyen américain, ou brésilien… ? Son premier rendez-vous hors d’Italie sera aux JMJ de Rio, en juillet prochain, ce que les cardinaux n’oublieront certainement pas au moment de voter, sous l’inspiration du Saint-Esprit, unis à tout le corps mystique qu’est l’Eglise, et portés tout particulièrement par la prière des enfants et des jeunes qui dans le monde entier se sont inscrits sur le site « j’adopte un cardinal »

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