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Ce n’est pas l’Evangile qui change

…c’est nous qui le comprenons mieux

Depuis la Journée mariale de l’Année de la Foi, le 13 octobre dernier, je n’avais pas repris ce blog, et les jours passent à Rome, de plus en plus riches des « Fioretti » du pape François. Mercredi 30 octobre j’ai à nouveau eu la joie de le rencontrer, en « prima fila » à l’audience générale, pour lui remettre une lettre du groupe qui a animé la veillée mariale préparatoire au 13 octobre, cette nuit blanche avec la Vierge qui relia des sanctuaires des cinq continents, en présence de la statue originale de Notre-Dame de Fatima, image de la nouvelle Esther qui aux temps bibliques – le 13ème jour du mois d’Adar – sauva le peuple de Dieu de la destruction… Les membres de notre comité marial avaient chacun signé ce courrier de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, promettant à François de continuer à porter dans la prière son ministère réformateur, notamment en récitant le Rosaire ensemble une fois par mois, en unité avec toute l’Eglise du Ciel. Le pape a parlé de la communion des saints à cette audience, deux jours avant la Toussaint : « Tous les baptisés sur la terre, les âmes du Purgatoire et tous les bienheureux qui sont déjà au Paradis, forment une seule grande famille », a rappelé François, insistant sur le fait que cette « communion entre la terre et le ciel se réalise spécialement dans la prière d’intercession ». Le vendredi suivant, fête « Tous saints », il nous répétait à l’Angélus que « la sainteté est une vocation pour tous », qu’elle est le fruit du service des autres, et que ce chemin a le visage de Jésus-Christ…

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Le ministère de la consolation

François donne l’exemple et ne fait pas semblant, il est sans cesse au contact des plus petits, de ceux qui souffrent, il les embrasse même quand leur apparence est vraiment repoussante, les serre dans ses bras avec amour, comme ce samedi 9 novembre encore, pour le 110ème anniversaire de l’association UNITALSI, où il a pris le temps de saluer une à une les personnes souffrantes, des plus jeunes enfants aux personnes âgées. Présidée par un laïc rayonnant de bonté et d’humilité, Salvatore Pagliuca, cette association italienne qui accompagne les malades à Lourdes et dans les sanctuaires internationaux réunissait 7000 volontaires dans la salle Paul VI, pour une joyeuse de fête de famille autour du pape. On aurait dit qu’il s’agissait de la première étape d’un prochain pèlerinage du nouveau pape à Lourdes : « Votre œuvre est évangélique, c’est le ministère de la consolation », a dit le Saint-Père aux membres de l’UNITALSI, les encourageant à voir dans les plus fragiles, les pauvres de santé, « la chair du Christ ». Lui-même voit en effet spécialement « la chair du Christ » dans les blessés de la vie, qu’ils soient handicapés, malades, réfugiés… ou plus largement représentants de ce qu’il appelle les périphéries existentielles.
Certains confrères journalistes ont pu se demander ouvertement si ce pape jouait un rôle, s’il avait simplement bien compris la nécessité de sourire pour séduire les médias, mais en réalité il apparaît toujours davantage comme « Franciscus Magnus », grand par son attention concrète aux personnes, providentiel envoyé de Dieu pour l’Eglise et le monde de ce temps, véritable icône universelle de la Miséricorde, incarnant l’amour infini de Dieu, à la suite de son modèle, Marie, qui nous enseigne à être toujours plus unis à Jésus (selon ce que le pape confiait notamment lors de l’audience générale du 23 octobre). Pour lui il ne s’agit pas d’un christianisme « à l’eau de rose », selon son expression, ni de philanthropie, car « l’Eglise n’est pas une ONG », mais l’objectif est bien l’union au Christ qui se réalise dans les sacrements de l’Eglise. C’était le thème de sa catéchèse du 6 novembre, quand il a appelé à faire un geste d’amour en priant pour la guérison de la petite Noémie, qu’il avait rencontré le matin même. « Le Seigneur nous invite à nous ouvrir à la communion avec lui, dans les sacrements, pour vivre de manière digne notre vocation chrétienne », insistait-il, nous exhortant à aller puiser à la source des sacrements – qui sont « la présence de Jésus-Christ en nous » – pour nous arracher à la haine et à l’égoïsme, et pour devenir capables de poser au jour le jour ces petits actes d’amour qui ont de bons effets au-delà du visible et du mesurable. Des dizaines de milliers de pèlerins viennent régulièrement écouter ces enseignements de François, place Saint-Pierre, comme cela n’était encore arrivé pour aucun pape de manière aussi dense et assidue.

Le moteur du monde et de l’histoire, le levain de la société

Le dernier rendez-vous international de l’Année de la Foi – une foi annoncée, célébrée et vécue – aura été le pèlerinage des familles du monde entier, qui culmina avec la messe du 27 octobre, présidée par le pape en présence de 150 000 personnes. « Prier le Rosaire ensemble, en famille, c’est très beau, ça donne beaucoup de force ! », a remarqué François, en ajoutant que ce qui renforce la famille, c’est de prier les uns pour les autres : « L’époux pour l’épouse, l’épouse pour l’époux, tous les deux pour les enfants, les enfants pour les parents, pour les grands parents »… « S’il manque l’amour de Dieu – a-t-il précisé – la famille perd son harmonie, les individualismes prévalent, et la joie s’éteint ». « En revanche, la famille qui vit la joie de la foi la communique spontanément, elle est sel de la terre et lumière du monde, elle est levain pour toute la société ». Deux jours plus tôt, devant les participants de l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, décrivant la famille comme « le moteur du monde et de l’histoire », le pape, bien informé des réalités actuelles, recommandait une attention spéciale aux couples en difficulté et aux personnes séparées. Le quotidien Corriere della Sera révélait le 4 novembre que le pape avait joint au téléphone une femme divorcée de 38 ans, Anna Rosa, qui venait d’obtenir la reconnaissance de sa nullité de mariage religieux, procédure récemment facilitée auprès du tribunal ecclésiastique de la Rote par décision du pape Benoît XVI à la fin de son pontificat, sur une suggestion de Mgr Bruno Forte. « Avec une grande douceur, au cours de notre conversation, François m’a demandé de prier pour tous les divorcés, enfants de Dieu en attente de retrouver la maison du Père », a témoigné Anna Rosa, heureuse de pouvoir bientôt se remarier à l’église.
Le pape du peuple, évangélique et œcuménique, François, conscient des problèmes qui minent les familles aujourd’hui, et donc l’humanité entière par voie de conséquence, a décidé que le prochain synode extraordinaire des évêques, en octobre 2014, porterait sur ce thème, ainsi que le synode ordinaire qui suivra, en 2015. Il s’appuie sur trois hommes de confiance pour coordonner la préparation et le déroulement de la première des deux assemblées qui se tiendra dans un an exactement : le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest, l’archevêque Lorenzo Baldisseri, et mon ami napolitain Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti, un des plus grands théologiens actuels, qui fut l’élève et l’ami du cardinal Carlo-Maria Martini… « Le pape veut savoir ce que les gens pensent et ce qu’ils vivent » a expliqué en substance Mgr Baldisseri, nouveau secrétaire général du synode des évêques, présentant la consultation mondiale lancée sur le sujet de la famille, dans le contexte d’une « modernité liquide » et sans boussole où les repères disparaissent. Pour la première fois dans l’histoire tous les baptisés sans distinction pourront répondre au questionnaire envoyé, les conférences épiscopales étant chargées de faire remonter les synthèses diocésaines jusqu’à Rome, ce qui n’empêchera pas pour autant d’écrire directement aux responsables du synode romain. C’est une grande nouveauté pour toute l’Eglise catholique, et la méthode de travail aussi est bouleversée puisque le secrétariat du synode a pour mission de devenir « un cœur battant » au service d’une collégialité permanente et féconde entre tous les évêques. Le concile Vatican II va être mis en œuvre, au bout de 50 ans, dans la dynamique de cette Année de la Foi qui se termine le 24 novembre, en la fête du Christ Roi qui clôt le cycle liturgique. A propos des éventuels revirements doctrinaux, pour répondre aux journalistes, Mgr Bruno Forte a brillamment cité le bienheureux pape Jean XXIII : « Ce n’est pas l’Evangile qui change, c’est nous qui le comprenons mieux ».

« La conversion de la Russie » et l’unité de l’Eglise

Attention, accueil, miséricorde : ces mots illustrent le pontificat de François, évêque de Rome, Pierre le Romain de ce début de troisième millénaire, avec qui l’Eglise catholique opère sa mue historique en revenant radicalement au Christ des Evangiles dont les apôtres ont témoigné amoureusement jusqu’au sang. Cette période historique que nous avons la chance de vivre en direct, la Vierge de Fatima l’avait précédée – annonçant « la conversion de la Russie » – il y a moins d’un siècle, et c’est d’Elle que tout doit repartir. « Sembra proprio que da Fatima si debba ripartire », avait dit le cardinal Tarcisio Bertone en quittant ses fonctions de Secrétaire d’Etat, Premier ministre du pape, le 15 octobre dernier, deux jours après l’acte de consécration du monde au Cœur immaculé de Marie fait par François sur la place Saint-Pierre, en l’anniversaire de la dernière apparition de Notre-Dame de Fatima aux trois enfants de la Cova da Iria.
L’athéisme théorique de cette époque – avec l’avènement du communisme en Russie, puis la montée du nazisme – a fait place à l’athéisme pratique, l’autre « corne du diable », qui menace la vie humaine dès sa conception, considérant l’embryon humain comme un matériau de laboratoire… Le combat pour le respect de la vie est donc devenu une urgence planétaire, dans un contexte où l’impérialisme libéral agressif cherche à controler les oppositions par tous les moyens, à commencer par l’espionnage informatique… Mais de nouveaux équilibres se mettent en place, et la Russie orthodoxe post-communiste entend bien peser dans le nouveau monde qui se dessine.
Après avoir soutenu le pape en septembre dernier pour que soit évité le bombardement de la Syrie, le président Vladimir Poutine sera reçu au Vatican le 25 novembre prochain par François, et par son nouveau Secrétaire d’Etat, Mgr Piero Parolin. La protection des chrétiens du Moyen-Orient fait partie de leurs priorités. De plus, le pape élu il y a six mois plait aux chrétiens orthodoxes car il envisage sa responsabilité d’évêque de Rome dans une perspective de dialogue, et de respect des autres confessions chrétiennes, conformément aux inspirations conciliaires, loin de tout prosélytisme. L’unité de l’Eglise s’édifie sous nos yeux, et cette unité en marche peut seule garantir une renaissance de la foi dans une société sécularisée et du même coup déshumanisée : « Que tous soient un pour que le monde croie » (Jean 17,21).

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