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Quel avenir pour les processions

Le Conseil annuel pour la pastorale des Sanctuaires de Lourdes se déroule traditionnellement les 7 et 8 décembre, autour de l’évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes. En 2010, la réflexion du conseil est centrée sur l’avenir des processions de Lourdes.

Le texte ci-dessous présente la procession eucharistique de Lourdes telles qu’elles se déroule durant la saison des pèlerinages, d’avril à octobre. Un article rédigé par un chapelain de Lourdes, le Père Régis-Marie de La Teyssonnière (chapelain que vous pouvez suivre sur son blog)

La procession eucharistique, l’adoration du Saint Sacrement, la bénédiction des malades à Lourdes

Dire Lourdes, c’est évoquer des processions. Inversement, parler de processions fait penser à Lourdes. Mais, pourquoi les processions sont-elles ainsi liées à la cité mariale ? Tout simplement parce que, le 2 mars 1858, lors de la 13ème des 18 Apparitions, Marie a demandé à Bernadette d’« aller dire aux prêtres que l’on construise ici une chapelle et que l’on y vienne en procession ». Cette mission a été extrêmement difficile pour la jeune fille. En effet, non seulement elle n’avait jamais rencontré directement Monsieur le curé de Lourdes, mais encore cette demande paraissait tout à fait invraisemblable. Pourquoi donc vouloir construire une chapelle en ce lieu désert, alors qu’à moins de deux kilomètres, il existait déjà une église paroissiale ? Et pourquoi désirer que des processions soient organisées dans ce bas fond à l’écart, et pour le moins inintéressant ? Ce sont nos questions. Bernadette, quant à elle, n’a pas eu d’état d’âme. Elle a transmis.

Qu’est-ce que la chapelle ?
Une chapelle, c’est d’abord une partie d’une église. Dans ce cas on parlera de la chapelle du Saint-Sacrement, de la chapelle de la Vierge, ou de la chapelle placée sous la protection de tel saint ou de telle sainte. Ce n’est pas ce dont il s’agit. Une chapelle, c’est aussi une église de toute petite taille. Ce n’est pas cela non plus. La chapelle demandée par la Vierge Marie est à comprendre par contraste avec l’église paroissiale qui existait et qui existe toujours. Alors qu’est-ce qu’une église paroissiale ? C’est le lieu de rassemblement habituel de la communauté chrétienne pour des temps de prière, de célébration, d’enseignement, de partage. La chapelle demandée est donc en contraste par rapport à la vie ordinaire des chrétiens. Il s’agit bien d’un lieu de pèlerinage, d’un endroit où l’on se rend après avoir quitté son milieu de vie habituel, d’un lieu où, d’une manière ou d’une autre, on veut prendre un moment pour Dieu, un moment pour soi, pour soi avec Dieu, pour soi avec d’autres et avec Dieu.

Qu’est-ce que la procession ?
La demande de la Sainte Vierge a été adressée à Bernadette en patois. Or, le patois de Lourdes n’est pas une langue, seulement un dialecte, pauvre en mots. C’est pourquoi le même terme a souvent plusieurs sens. Ainsi, pour «procession» qui veut également dire « pèlerinage ». D’ailleurs, au début, en français comme dans d’autres langues européennes, on employait l’un pour l’autre. On disait par exemple : «Tiens, voici la procession de Bayonne». Cela ne voulait par dire que les gens étaient partis à pied de Bayonne. Cela signifiait simplement : «Voici le pèlerinage du diocèse voisin de Bayonne». La procession est donc une marche, un déplacement, un itinéraire par lequel on arrive au lieu du pèlerinage, le sanctuaire bien sûr, mais très vite au coeur du sanctuaire, la Grotte, puis au coeur de la Grotte qui est le Christ Jésus.

Comment les processions ont-elles commencé ?
La toute première procession a été organisée par les «Enfants de Marie» de la paroisse de Lourdes. C’était en 1858, donc à l’époque des Apparitions. Des jeunes filles et des jeunes femmes se sont alors rendues à la Grotte, en chantant de pieux cantiques en l’honneur de la Sainte Vierge. Puis, ce sera la procession de Loubajac, ce village distant de quelques kilomètres de Lourdes. Là, il s’agissait d’une procession tout à fait officielle, organisée avec ordre et méthode par Monsieur le curé, chacun marchant à sa place, y compris Monsieur le maire, avec son écharpe tricolore. Bref, toute la paroisse s’était mise en marche. À l’arrivée à Lourdes, les soeurs de l’hospice (où Bernadette allait à l’école) sonnaient les cloches, en signe d’accueil, alors que la procession se rendait à l’église paroissiale pour célébrer la messe. Ensuite, aussitôt après l’Eucharistie, la procession se reformait pour atteindre la Grotte. Au début de l’après-midi, la procession quittait la Grotte pour aller célébrer les vêpres à l’église paroissiale, dernière étape avant le retour de la «procession» au village.

De la gare à la Grotte
En 1866, les processions ont pris une autre tournure. En effet, c’est depuis le début de cette année importante que le train dessert la petite ville de Lourdes. Avec le train, on venait donc non seulement plus nombreux, mais aussi de plus loin. Arrivé en gare de Lourdes, le pèlerinage formait sa procession dans la cour de la gare et de là se rendait à la Grotte, cela avec ordre et méthode, mais surtout en chantant en grande liesse au son des instruments. Moment recueilli, certes, mais moment surtout festif et joyeux. L’aménagement de la Grotte et la construction de la Crypte permettaient alors de rester sur place, pour la prédication, la messe, les vêpres. Mais, le lendemain que faisait-on ? On retournait à la gare pour reconstituer la procession. La gare d’arrivée représentant peut-être symboliquement la gare de départ, on se rendait à nouveau à la Grotte pour une nouvelle journée de pèlerinage. Mais, très vite, les choses ont encore changé. Pourquoi ? Parce que chaque pèlerinage voulant célébrer dans l’après-midi à la Grotte le salut du Saint Sacrement, il a fallu se mettre d’accord pour une célébration unique, à laquelle tous les pèlerinages étaient donc invités à participer. Mais, de quoi s’agit-il ?

Le Salut du Saint Sacrement
Le Salut du Saint Sacrement est une dévotion très, très ancienne dans l’Église. C’est la prière devant le Saint Sacrement, c’est-à-dire devant l’hostie consacrée lors de la messe, présence réelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme pour que, par lui, avec lui et en lui, tous les humains puissent devenir enfants de Dieu. Ce temps de prière silencieuse, d’adoration, de coeur à coeur avec Jésus est ensuite suivi d’invocations que le prêtre lit et auxquelles les fidèles, les pèlerins s’associent par leur réponse. Vient ensuite la bénédiction du Saint Sacrement. Le célébrant, un évêque ou un prêtre, se saisit alors de l’ostensoir qui contient l’hostie consacrée, présence sacramentelle, présence réelle de Jésus et, là où il se trouve, c’est-à-dire à proximité immédiate de l’autel où est célébrée la messe, le célébrant bénit les pèlerins, bénit les fidèles, en traçant sur eux avec l’ostensoir le signe de la croix. Moment solennel. Moment de recueillement. Moment de face à face entre chacun et son Seigneur.

La bénédiction des malades
Mais à Lourdes, une variante a été introduite dès le début. En effet, au lieu de rester là où il était, le célébrant, les différents célébrants, jour après jour, ont pris l’habitude de se déplacer, de partir avec l’ostensoir pour aller au devant des personnes les plus éloignées. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que si dans une église la personne la plus lointaine demeure en face de l’autel (puisque les églises sont le plus souvent tout en longueur), à la Grotte, c’était exactement le contraire. Les pèlerins étaient le long du Gave. Or à cette époque-là, le Gave étant beaucoup plus près de la Grotte, l’espace devant la Grotte était donc très réduit. Cela faisait que beaucoup de pèlerins étaient tout simplement loin de la Grotte. Voilà pourquoi à travers le geste du célébrant, c’est Jésus qui, dans le sacrement de l’Eucharistie, dans le Saint Sacrement, venait à eux. Or, les pèlerins les plus éloignés étaient souvent des personnes malades ou handicapées. C’est ainsi qu’à Lourdes la bénédiction du Saint Sacrement s’est très vite appelée «bénédiction des malades». Il s’agit bien de la bénédiction du Saint Sacrement, mais cette bénédiction étant destinée d’abord aux malades, c’est ce nom qui lui a été donné et qu’elle porte encore aujourd’hui.

Bénédiction et procession
Cette bénédiction des malades avec le Saint Sacrement est elle-même devenue une procession. Comment ? D’abord parce que, la foule des pèlerins devenant de plus en plus nombreuse, le célébrant devait aller de plus en plus loin pour bénir les malades. C’est ainsi que, partant de la Grotte, il arrivait fréquemment jusqu’à l’actuelle esplanade du Rosaire. Ensuite parce que, à la fin de la célébration, une autre procession se formait pour accompagner le célébrant qui allait déposer le Saint Sacrement dans le tabernacle de la Crypte, c’est-à-dire mettre l’hostie consacrée dans le tabernacle de l’unique «chapelle» qui existait alors. On peut encore ajouter à cela que, souvent, une première procession Eucharistique avait précédé le Salut du Saint Sacrement. L’évêque, ou le prêtre, présidant la célébration, partait de la Crypte portant l’ostensoir contenant l’hostie consacrée et se rendait à la Grotte. Là, il déposait l’ostensoir sur l’autel pour le temps d’adoration et de prière. Sans entrer dans tous les détails, le fait de connaître l’origine de ce qui a été et demeure la célébration majeure de Lourdes permet de mieux comprendre et donc de mieux vivre aujourd’hui la « procession eucharistique, l’adoration du Saint Sacrement et la bénédiction des malades » qui reprend donc ces trois éléments : le Salut du Saint Sacrement, la bénédiction des malades, la procession.

Que se passe-t-il aujourd’hui ?
Dès 16h, les premiers pèlerins prennent place autour du Podium de la Prairie, les hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes arrivent, les sacristains se montrent, les sonoristes sont à l’oeuvre, le cérémoniaire intervient. C’est le temps de la mise en place pour certains, et de l’apprentissage pour d’autres, de la préparation pour tous. C’est l’un des grands miracles de Lourdes qui se déroule sous nos yeux : chaque jour la procession est mise en oeuvre par une poignée de personnes dont la plupart n’étaient pas présentes la veille. Le responsable de l’Hospitalité transmet les consignes aux hospitaliers et hospitalières de Notre-Dame de Lourdes présents. Le cérémoniaire initie les hospitaliers et hospitalières de pèlerinage qui, eux, vont porter les symboles de la procession. Puis, le cérémoniaire parle au diacre et, enfin, à l’évêque. Pendant ce temps-là, du moins de 16h30 à 17h, chacun trouve sa place autour du Podium de la Prairie : pèlerins malades ou handicapés et leurs accompagnateurs, pèlerins valides, jeunes pèlerins, prêtres, religieux, religieuses… Entre le Podium et le pont que la procession va franchir, prennent place les bannières des pèlerinages.

Le début de la célébration
À 17h, la sonnerie des trompes indique le début de la procession. Les prêtres, l’évêque qui préside et ses assistants, arrivent au Podium de la Prairie, alors que le chantre a déjà entonné un chant repris par l’assemblée des pèlerins. Aussitôt après, le diacre venant de la Tente (ou de la chapelle de l’Adoration) portant le Saint Sacrement, arrive entouré de quatre porte-flambeaux. Il dépose alors le Saint Sacrement contenu dans l’ostensoir sur l’autel du Podium de la Prairie, qui est l’un des lieux de célébration de la messe dans les Sanctuaires. L’évêque encense le Saint Sacrement, en signe de respect, puis trace sur lui le signe de la croix en disant : «Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit». L’évêque dit ensuite quelques mots dans sa propre langue. Puis, le diacre prend la parole pour dire : «Acclamons celui qui vient au nom du Seigneur. Dieu fait route avec nous, faisons route avec lui». Cette parole est reprise dans deux autres langues.

La procession s’ébranle
Ainsi, alors que la procession commence sa progression, nous voici tous avertis. Il ne s’agit pas d’une simple procession, mais d’une procession en présence du Seigneur, une procession eucharistique. Le Fils de Dieu est venu sur notre terre. Le Fils de Dieu est toujours présent au milieu de nous. Et, voici qu’il fait route avec nous. Notre route est souvent difficile, mais comment ne pas s’émerveiller d’être ainsi accompagnés par Jésus ? Le chant eucharistique, qui rythme le début de la procession, nous aide à une première prise de conscience. Celui qui est présent dans le Saint Sacrement, celui qui se donne à nous en nourriture, et que Bernadette désirait tant pouvoir recevoir, celui qui vient nous bénir, nous relever et nous fortifier, Jésus fait route avec nous.

Place des bannières
En tête de la procession, la «bannière de la Vierge aux épis». Les épis de blé nous font penser au blé, le blé au pain, le pain à l’Eucharistie. Et, le regard maternel de Marie nous aide silencieusement à tourner nos propres yeux vers « le fruit de la terre et du travail des hommes » qui, en chaque Eucharistie, à chaque messe, à chaque consécration devient pour nous le Pain vivant descendu du Ciel. Derrière la «bannière de la Vierge aux épis», une autre bannière a une place particulière, la «bannière de la Légion de Marie». Puis, viennent toutes les autres bannières, c’est-à-dire la bannière de chaque groupe, de chaque pèlerinage, de chaque hospitalité qui participe à la procession eucharistique. Pourquoi cela ? De fait, une bannière représente le groupe auquel chacun appartient. C’est dire l’importance d’une bannière. Chacun marche donc derrière sa bannière. Mais, si toutes les bannières sont réunies ensemble c’est pour dire, pour signifier l’unité que nous-mêmes pèlerins de nombreux groupes différents voulons vivre, désirons réaliser à travers cette procession. Ce n’est donc pas une simple procession, mais bien une procession eucharistique. Jésus est avec nous. Nous pouvons tous être avec lui.

Place des pèlerins
Après les bannières vient l’ensemble des pèlerins, mais là aussi, avec ordre et méthode. D’abord, les pèlerins malades ou handicapés et leurs accompagnateurs. Ensuite, les pèlerins qui marchent par eux-mêmes. Parmi les pèlerins malades ou handicapés, il y a aussi un ordre : d’abord les enfants malades. Puis, les pèlerins allongés sur un brancard. Puis, les pèlerins en fauteuil roulant ou assis dans une voiturette bleue ou verte. Après les pèlerins malades ou handicapés viennent les personnes qui peuvent marcher et qui ont décidé de marcher. En effet, au même moment, beaucoup de pèlerins ont déjà pris place dans la basilique souterraine Saint-Pie X qui dispose de près de 5000 places assises, et dont les grands écrans permettent de suivre la progression de la procession. Chacun, hospitalité, pèlerinage, groupe, ou pèlerin isolé peut et doit donc faire le choix de sa place, en fonction de sa santé, de sa capacité à marcher, du fait de redouter plus ou moins la chaleur, le froid, ou même la pluie si elle devait survenir.

La croix
Après l’ensemble des pèlerins vient la croix. Une croix qui est, en fait, un crucifix fixé au bout d’une hampe, d’un mât assez haut, une croix, visible de loin, que tous peuvent voir. Cette croix donne sens à tout ce qui précède et à tout ce qui suit. Elle évoque le Mystère pascal qui est rendu présent et se déploie dans cette célébration majeure de Lourdes. La croix est elle-même entourée de quatre bannières, dont chacune représente l’un des symboles de la Passion. Sur la première bannière figure le visage de Jésus, tel qu’il a pu être recueilli par Véronique essuyant le visage du condamné marchant vers le Golgotha en portant sa croix ; sur la deuxième bannière,on peut voir la couronne d’épines qui rappelle celle que Jésus a portée ; sur la troisième bannière sont représentés les clous qui transpercèrent ses mains et ses pieds ; sur la quatrième et dernière bannière est évoquée la lance qui transperça le côté de Jésus, pour constater sa mort sur la croix. Derrière la croix marchent les religieux et les religieuses.

Le livre de la Parole de Dieu
Puis, vient le livre de la Parole de Dieu, l’Évangéliaire, porté par un diacre. Il est lui-même précédé et entouré de bannières. D’abord deux bannières qui précèdent le livre de la Parole de Dieu : celle qui représente saint Pierre et celle qui représente saint Paul, les deux colonnes de l’Église. Puis quatre bannières, qui entourent le livre de la Parole de Dieu, chacune représentant l’un des quatre évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Après le livre de la parole de Dieu viennent ceux qui, par leur ordination, ont plus particulièrement reçu mission de proclamer la Parole de Dieu, les diacres et les prêtres, en aube et étole blanche.

Le Saint Sacrement
Enfin, vient le Saint Sacrement, Jésus réellement présent dans l’hostie consacrée au cours de la messe, humble hostie contenue dans l’ostensoir porté par un évêque ou par un prêtre, qui lui-même marche sous une sorte de toile, appelée « dais » et portée par quatre hospitaliers. Cette toile n’est pas là pour protéger le Saint Sacrement en cas de pluie ou de forte chaleur. Cette toile est là pour évoquer, et donc nous rappeler, la tente de la rencontre, cette tente que Moïse faisait dresser à l’entrée du camp et dans laquelle il se rendait pour rencontrer le Seigneur. Relisons dans notre Bible les passages de la vie du Peuple au désert et nous comprendrons le sens du «dais». Mais, l’évêque qui porte le Saint Sacrement, entouré de deux assistants, ne chemine pas seulement sous le «dais». Il est précédé et entouré d’autres personnes et – encore et toujours – de bannières. Devant le Saint Sacrement, deux hommes portent l’encens, en signe de respect. De part et d’autre du Saint Sacrement, quatre femmes portent la lumière. Puis, autour du Saint Sacrement viennent six bannières (trois de chaque côté), chacune représentant un ange. Nous nous souvenons ainsi que l’Eucharistie est aussi appelée « le Pain des Anges ».

Évêques, prélats et médecins
Derrière le Saint Sacrement viennent enfin les évêques, les prélats, quand il s’en présente, et enfin les médecins. Pourquoi les médecins ? C’est l’histoire de Lourdes. Si, à peu près la moitié des guérisons de Lourdes, reconnues par l’Église, est en relation avec l’eau de la Grotte, à peu près l’autre moitié a un lien direct avec l’Eucharistie, et tout particulièrement avec la procession eucharistique et la bénédiction des malades. Voilà pourquoi, depuis les premières processions eucharistiques, les médecins ont pris l’habitude d’être proches du Saint Sacrement pour pouvoir tout simplement constater. Le Bureau des constatations médicales est d’ailleurs l’institution la plus ancienne dans les Sanctuaires de Lourdes, plus ancienne même que les Hospitalités. Lorsque, derrière le Saint Sacrement, nous voyons la présence des médecins, c’est aussi pour nous le signal de la fin de la procession. En effet, comme l’indique le mot « procession », le personnage le plus important vient en dernier, à la fin. Qui est le plus important dans la procession eucharistique ? C’est le Saint Sacrement. C’est Jésus. Mais, beaucoup de pieux pèlerins pensent qu’il n’est pas convenable de passer devant Jésus et attendent donc pour cheminer après le Saint Sacrement, transformant ainsi (à leur insu) la procession en cortège. Quoi qu’il en soit, rythmée par les chants et les invocations en six langues, la procession arrive dans la basilique souterraine Saint-Pie X.

Saint Sacrement et Parole de Dieu
Là, sous la houlette des hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes, chacun trouve sa place. Et, celui qui a voulu prendre la dernière place, le Fils de Dieu, Jésus, la retrouve. Les animateurs disent alors en plusieurs langues : «Comme au jour des Rameaux, bénissons celui qui vient au nom du Seigneur». C’est l’entrée solennelle, triomphale du Saint Sacrement. La procession se termine donc par ce sommet, ce moment fort, ce temps très beau. L’évêque dépose le Saint Sacrement sur l’autel de la basilique, qui est l’un des lieux de la célébration de la messe dans les Sanctuaires. Puis, il s’agenouille en signe d’adoration. Un diacre met de l’encens dans les vasques, en signe de respect. Les dames ou jeunes filles qui portent les flambeaux les ont déposés de part et d’autre du Saint Sacrement, qui est lui-même entouré de porteurs d’encens. Le diacre qui portait le livre de la Parole de Dieu, l’a posé sur l’ambon, puis il l’a ouvert. Et voici qu’il proclame un court passage d’Évangile, aussitôt repris dans deux autres langues, alors que, sur les écrans de la basilique, le texte de cet Évangile défile en trois autres langues. Puis, les animateurs disent, encore en plusieurs langues : «Adorons en silence le Seigneur présent au milieu de nous».

Adoration du Saint Sacrement
Commence alors l’adoration du Saint Sacrement. Un moment de silence tout relatif, car nous sommes à Lourdes. Des personnes souffrent, gémissent. C’est un silence habité. Un silence vivant au milieu de la vraie vie. Moment de coeur à coeur où chacun peut peut-être retrouver les paroles apprises dans son enfance et les murmurer dans le secret de son coeur : «Mon Seigneur et mon Dieu». C’est un moment où s’accomplit aussi l’une des paroles de Jésus nous disant : «Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde». C’est un moment de communion. Puisque tous nous convergeons vers lui, Jésus nous rassemble dans une même démarche, une même attitude, un même élan, un même amour. Ce que signifiait et réalisait déjà la procession, s’approfondit. Moment unique, peut-être inimaginable avant de l’avoir soi-même expérimenté. Un chant méditatif nous aide ensuite à prolonger ce court instant d’adoration silencieuse du Saint Sacrement. Puis, vient le moment des intercessions, toujours en six langues différentes. Par leur réponse, tous les pèlerins sont invités à faire leur ces prières comme des cris poussés vers Dieu. Enfin, le chant du Pater Noster, du Notre Père en latin, vient conclure l’adoration du Saint Sacrement, qui est donc, après la procession eucharistique, la deuxième partie de cette célébration majeure de Lourdes depuis environ 140 ans.

La bénédiction des malades
La célébration se conclut par la bénédiction des malades. Comme cela se fait depuis les années 1870, l’évêque qui préside la célébration prend alors l’ostensoir contenant le Saint Sacrement et, au lieu de rester là où il est, il se déplace dans la basilique pour aller au devant des plus petits d’entre les frères et les soeurs de Jésus, nos frères et soeurs malades ou handicapés, pour aller les bénir. Combien de signes de croix ont été ainsi tracés lentement avec le Saint Sacrement. Nul ne le sait. Combien de personnes ont elles-mêmes tracé le signe de croix sur leur propre corps, comme pour s’approprier et faire leur ce geste silencieux, comme pour dire «Oui» au mystère de la croix, comme pour ouvrir dans leur coeur la place nécessaire à la croix de Jésus Sauveur. Après la procession, après l’adoration, quelle progression, quelle proximité, quelle expérience nous est ainsi proposée ! Tout ce que nous avons vécu jusqu’alors paraît subitement n’avoir été qu’une préparation à cette rencontre avec Jésus.
Mais, cette rencontre n’est pas passive. Nous sommes invités, en effet, à ouvrir notre coeur, à nous exprimer par le chant du Kyrie eleison, à en être pleinement participants par des invocations.

Bénédiction de l’assemblée
Le chant du Tantum Ergo précède enfin la bénédiction finale, cette bénédiction donnée des quatre coins de l’autel, cette bénédiction dans laquelle nous pouvons nous reconnaître malades et pécheurs, car nous avons rencontré celui qui vient nous guérir et nous sauver, en nous apportant la vraie guérison, la guérison du corps, du coeur et de l’âme, la guérison qui est Vie Éternelle. Alors que le Saint Sacrement est porté par le diacre jusqu’au tabernacle de la basilique Saint-Pie X, où il sera fractionné pour être donné en communion, le chantre entonne un chant de joie, d’allégresse, d’action de grâces, repris par l’assemblée des pèlerins dont les coeurs sont devenus, par Jésus et avec lui, si proches les uns des autres.

La procession étape du pèlerinage
La «procession eucharistique, l’adoration du Saint Sacrement et la bénédiction des malades» prolonge et oriente le chemin effectué pour venir jusqu’à Lourdes. Et en même temps, cette célébration majeure des Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes prépare à la rencontre avec le Sauveur dans le sacrement du pardon et de la réconciliation, dans la communion sacramentelle, dans le «sacrement du frère». C’est pourquoi la « procession eucharistique, l’adoration du Saint Sacrement et la bénédiction des malades » est vraiment une étape du pèlerinage, une étape sans cesse à renouveler pour s’ouvrir toujours plus à l’accueil de la grâce donnée dans le pèlerinage.

Père Régis-Marie de La Teyssonnière, chapelain de Lourdes

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