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Les sœurs dominicaines menacées «d’expulsion»

#Lourdes – Les sœurs dominicaines menacées «d’expulsion» par… l’église

Les sœurs Dominicaines de Lourdes sont au bord de la crise de nerfs. Faute d’être parvenues à élire une prieure, elles sont «invitées» par l’église à quitter leur monastère pour rejoindre un autre couvent. Plusieurs d’entre elles pensent que l’on cherche à mettre la main sur leur patrimoine. D’autres, que l’on veut installer une autre communauté dans leur maison. L’affaire mobilise et divise.

Sœur Anne-Myriam affiche son sourire habituel. En charge de l’accueil des visiteurs et des pèlerins en retraite spirituelle, cette Dominicaine du couvent de Lourdes ne veut pas se laisser «submerger par la tristesse provoquée par toute cette affaire». Avec «l’aide de Dieu, se réconforte-elle, nous trouvons la force de poursuivre notre mission de dévouement aux autres». Pourtant, depuis quelques semaines, son sacerdoce est quelque peu ébranlé. Le huis clos est devenu public. Le drame de sa communauté, vécu jusque-là dans le silence du cloître, loin des regards du monde, a filtré pour se répandre dans Lourdes et dans tout le monde catholique pour devenir l’affaire la plus importante du moment. Celle qui fait débat, qui véhicule son lot de rumeurs, mobilise et divise.

Ce qui a mis le feu aux poudres ? C’est un communiqué de l’évêque de Tarbes et Lourdes, publié le 13 septembre dernier sur le site du diocèse.

Dans son écrit, Monseigneur Nicolas Browet explique que «faute de trouver un accord pour élire une prieure (une directrice), les Dominicaines de Lourdes devront quitter leur couvent et chacune d’entre elles sera aidée à rejoindre un monastère de dominicains de leur choix pour continuer à y vivre paisiblement sa vie religieuse».

Percée des nouvelles congrégations

Dans cette missive, l’évêque précise que «la Congrégation romaine pour les instituts de vie consacrée et les Société de vie apostolique a nommé, à ma (sa) demande un commissaire apostolique chargé d’organiser ce départ».

«C’est inacceptable, s’insurge sœur Anne-Myriam. Il y a anguille sous roche ! Nos soucis internes ne sont pas si graves. On profite de ça pour tenter de nous mettre dehors mais nous sommes propriétaires de notre couvent et nous ne nous laisserons pas faire !».

Comme elle et de nombreux Lourdais, la plupart des 12 sœurs de la communauté y voit «une manœuvre honteuse de certains dirigeants de l’église pour les déposséder, elles, de vieilles sœurs en fin de «parcours», de leur propriété de 12 hectares afin de la vendre à des promoteurs immobiliers, et toucher ainsi le pactole, ou bien pour la donner à des congrégations plus austères, plus fermées comme les Béatitudes ou les Sœurs de Jérusalem».

Gilbert Narcisse, le commissaire apostolique nommé par le Vatican, réfute ces accusations : «Elles ne parviennent pas à élire une directrice, il est donc normal que nous intervenions pour que la communauté ne parte pas à la dérive», considère le père, Dominicain lui aussi. Le religieux assure que «si les sœurs parviennent, ce qu’elles n’ont pas réussi après trois votes, à élire une prieure à même de gérer les choses, elles poursuivront leur vie comme avant». Il ne cache pas, cependant, que c’est lui qui décidera de la pertinence de l’élection de cette «dirigeante» et entérinera, ou non, le vote. Autrement dit, les sœurs sont placées sous sa tutelle.

En réponse à la vive émotion suscitée à Lourdes et dans les médias, il a déclaré mardi : «Si elles ne veulent pas aller vivre leur foi dans un autre monastère, elles pourront rester ici».

Le comité de soutien aux sœurs, créé par Christian Brochier, un néo-lourdais et ancien militaire à la retraite, a déjà recueilli plus de 2000 signatures. «Jusqu’au bout, nous aiderons ces religieuses à faire respecter leurs droits», jure ce dernier.

Sous couvert d’anonymat, une sœur invite chacun d’entre nous «à regarder ce qui s’est passé il y a quelques mois à Blagnac (Haute-Garonne). Les Dominicaines ont été «virées» et les Béatitudes ont pris leur place». Pour elle «ce qui se joue en toile de fond, c’est la montée des congrégations radicales, sectaires, qui sont, contrairement à notre ordre, davantage en phase avec la pensée, la doctrine de nombreux dirigeants de l’église actuelle et du sanctuaire de Lourdes». Ces «nouvelles» congrégations, poursuit la religieuse, «n’ont d’ailleurs pas, contrairement à nous, «les vieilles», les Dominicaines, de mal à faire le plein alors que la crise des vocations fait rage partout ailleurs».

Guillaume Atchouel pour LA DEPECHE

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