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Rébellion: se tourner vers l’avenir

di Francois Vayne
Comme des millions de spectateurs, j’ai été profondément touché par le film « Des hommes et des dieux », d’autant plus que j’ai fréquenté de près ces moines trappistes en Algérie, durant mon enfance et mon adolescence au pays de saint Augustin… « Existe-t-il une cause pour laquelle j’accepterais de donner ma vie? », peut-on se demander après avoir vu ce chef d’oeuvre de Xavier Beauvois où tout est dit du mystère chrétien. Après les multiples attaques médiatiques spécialement dirigées contre le sacerdoce catholique ces derniers mois – au nom d’un sécularisme militant non moins dangereux que le marxisme – le film sur les sept martyrs de Tibhirine est une grâce pour révéler à nos contemporains ce qu’est véritablement l’Eglise dans le coeur de Dieu. L’Eglise, « cette part d’humanité où s’éprouve et grandit le bonheur d’aimer » selon l’heureuse expression du Père André Cabes, nous dévoile le visage d’un Dieu plein de tendresse, qui veut communiquer la vie dont il est source et origine, vulnérable à tout ce qui opprime l’homme, et démuni face à nos libertés. Nous cheminons vers l’avenir qu’il nous ouvre, désireux d’être frères de tous, sous son regard de Père.

Je dois dire qu’au début novembre, lors de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, cet « esprit de Tibhirine » semblait souffler sur les rives du Gave, près de la Grotte. Nos évêques, qui approfondissaient trois grands dossiers – liés à l’avenir de la planète, des communautés chrétiennes, et du dimanche – ont donné le signe d’une Eglise pauvre en moyens mais rayonnante du seul trésor de l’Evangile. Avec l’humble audace des prophètes ces hommes de prière, sans pouvoir mondain, ne parlent pas en techniciens mais en apôtres. Chargés de nous guider, ils invitent les catholiques à se recentrer sur le Christ et à témoigner de lui, là où ils sont, « pour un renouveau de l’évangélisation ». Ils veulent par exemple revaloriser le rassemblement eucharistique du dimanche en regroupant les forces dans de grands centres paroissiaux pour « une fête authentique », et en finir avec les tristes « Adap » (assemblées dominicales en l’absence de prêtre) qui dispersent et affadissent la communion paroissiale. Ils relancent avec générosité et confiance l’appel aux vocations de prêtres pour une « Eglise de la mission », et convient toutes les familles d’aujourd’hui à se retrouver lors d’un grand rassemblement à Lourdes du 28 au 30 octobre 2011, ouvrant aussi un nouvel espace de communication afin de partager ce qui fait l’expérience des familles au quotidien (www.blogfamilles2011.fr).

La messe télévisée en présence de milliers de fidèles, concélébrée dans l’église Sainte Bernadette par les évêques de France, le 7 novembre, se déroulait providentiellement en même temps que la consécration de la Sagrada Familia par Benoît XVI à Barcelone, manifestant la volonté missionnaire de toute l’Eglise. Comme le Pape l’a magnifiquement souligné, il s’agit de revenir à Dieu, origine de notre être, fondement et sommet de notre liberté, en renonçant à un modèle de pensée égoïste. En ce sens, face au libéralisme et au relativisme, le christianisme est bien l’ultime rébellion, la « nouvelle contre-culture » (1) que défend mon ami le journaliste et écrivain Jean-Pierre Denis, analysant courageusement la responsabilité des chrétiens « progressistes » qui ont prôné « l’enfouissement » en connivence naïve avec les adversaires de l’Eglise, jusqu’à risquer d’éteindre dans la société la flamme de l’Evangile… La page du conformisme bêlant est désormais tournée, et les interprétations idéologiques abusives du dernier concile en date sont enfin dénoncées, à tous les niveaux. Dans les coulisses de l’assemblée des évêques, l’un des plus anciens d’entre eux, le seul encore en vie ayant participé aux travaux de Vatican II, m’a d’ailleurs dit son souhait de voir retravaillées lors d’un synode romain certaines déclarations conciliaires, en particulier celle sur la liberté religieuse… L’actuel contexte de tragique persécution des minorités chrétiennes en terre d’islam oblige en effet à sortir de l’irénisme d’un certain dialogue interreligeux à sens unique. Mgr Georges Gilson, archevêque émérite de Sens-Auxerre, doit prochainement publier à ce propos un texte qui pourra surprendre, alors qu’approche le cinquantième anniversaire de la clôture du concile, en 2012.

Depuis Lourdes, l’une des grandes capitales du peuple de Dieu en chemin, le retour à une saine compréhension de Vatican II – et de l’esprit d’unité qui y présida – touche aussi la prière du Notre-Père, « abrégé de tout l’Evangile » comme disait Tertullien. Ainsi, lors du colloque organisé sur ce thème les 11 et 12 novembre – en partenariat avec la faculté de théologie de Strasbourg – il fut question de la mauvaise traduction française de la prière du Seigneur qui a suivi le concile, une des pommes de discorde avec les catholiques qui revendiquent, en réaction à des excès, leur fidélité à la Tradition. Sous l’influence du théologien protestant Oscar Cullmann la septième demande du Notre Père est devenue : « Ne nous soumets pas à la tentation », malgré de vives protestations adressées à l’époque aux évêques de France et restées alors sans écho dans une presse soit-disant catholique. Luc Perrin, professeur d’histoire de l’Eglise, a relayé durant le colloque de Lourdes la juste indignation du grand exégète Jean Carmignac (2) face à cette « traduction-trahison » jugée inadmissible et blasphématoire, pourtant imposée en France à la fin des années 60, et il a proposé une révision du texte comme celle que souhaite Mgr Jacques Perrier dans le numéro de Lourdes Magazine de novembre 2010 (page 31): « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».

En conclusion de ce colloque préparatoire au thème pastoral des pèlerinages 2011, Mgr Perrier, le Gardien de la Grotte, a insisté pour que les sanctuaires de Lourdes ne deviennent pas « un musée spirituel de sainte Bernadette » mais conduisent toujours davantage les personnes « vers le Père », pour faire sa volonté. La Vierge Marie ne nous entraîne-t-elle pas à devenir comme elle « une tour inflexible qui veut ce que Dieu veut »? Et ce qu’il veut c’est « nous engendrer jusqu’au bout, nous ériger au plus haut de nous-mêmes, au plus vrai de notre singularité », comme Marie Immaculée. C’est cette dimension de l’union des volontés, permise par le Notre Père, qu’a éclairé durant le colloque le Père Philippe Vallin, professeur de théologie, expliquant que « l’Esprit souffle au secret de notre coeur, et sculpte un homme nouveau, comme un souffleur de verre »… Pour aider à cela, Mgr Perrier voudrait que l’on resitue clairement la procession eucharistique de Lourdes comme « une marche avec le Christ vers le Père ». Le prochain conseil pour la pastorale de Lourdes, en décembre, y travaillera. Enfin, rejoignant le thème des familles que les évêques de France choisissent de favoriser en 2011, Mgr Perrier voit l’occasion pour Lourdes de faire redécouvrir Dieu comme « le Père de tout être humain, quelque soit son chemin de vie concrète, accueillant à bras ouverts la famille humaine dont nous sommes des membres souvent infidèles et en même temps infiniment aimés ».

1. La nouvelle contre-culture. Editions du Seuil
2. Association des Amis de l’Abbé Jean Carmignac.
63, rue Joseph Bertand, 78220 Viroflay (France).

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