Bernadette Soubiroux à Lourdes: chemin de croix

Retour de Bernadette Soubiroux à Lourdes : le chemin de croix

L’association «Pour le retour de Bernadette à Lourdes» poursuit son… chemin de croix afin de faire revenir dans la cité mariale la dépouille de la petite bergère à qui la Vierge serait apparue en 1858.

José Marthe n’en démord pas : «La place de Bernadette Soubirous n’est plus à Nevers mais chez elle, à Lourdes !». Ce conseiller départemental du canton de Lourdes Ouest est à l’origine de la création de l’association qui œuvre pour «le retour au pays de la dépouille de la petite bergère» à qui la vierge Marie serait apparue dix-huit fois à la grotte Massabielle, entre le 11 février et le 16 juillet 1858.

«Nous sommes déjà plus de 300 Lourdais, dont plusieurs descendants de Bernadette, à nous mobiliser pour cela», s’enthousiasme l’élu qui, il y a quelques semaines, a pris son bâton de pèlerin pour se rendre à Nevers, chez les Sœurs de la Charité, congrégation où Bernadette avait choisi de se retirer. C’est là que repose son corps toujours intact.

«J’y suis allé avec des membres de sa famille pour faire part de notre motivation à la mère supérieure, mais aussi à l’évêque et aux autorités religieuses du diocèse de la Nièvre».

Suspectés d’être «des marchands de médailles»

La plupart d’entre eux étaient persuadés que la démarche de l’association n’avait qu’une visée mercantile. «On nous prêtait les plus noirs desseins, on nous attendait un peu comme des vendeurs de médailles pieuses, des marchands du temple qui chercheraient à faire davantage de profit grâce à la dépouille de Bernadette – laquelle génère près de 2,50 M€ de rentrée annuelles pour la Nièvre – s’agace José Marthe. Mais, nous leur avons expliqué que notre objectif était uniquement d’offrir un avenir à notre petite bergère, d’éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli à l’heure où, comme de nombreuses congrégations, les Sœurs de la Charité sont victimes d’une crise des vocations et sont donc de moins en moins nombreuses pour accueillir les fidèles», qui sont près de 200 000 à venir chaque année se recueillir à Nevers.

De plus en plus de laïcs sont d’ailleurs sollicités pour assurer la visite de la chapelle Saint-Gildas où elle repose depuis 16 avril 1879.

«À Lourdes, où quasiment tous les habitants ont un lien ou un rapport de près ou de loin avec elle, Bernadette trouverait asile, toujours sous la protection des Sœurs de Nevers, à l’église paroissiale, à côté du père Peyramale, le curé qu’elle connaissait et qui était en place lors des Apparitions. Avec une structure comme le sanctuaire Notre-Dame, qui reçoit plusieurs millions de pèlerins par an, Bernadette serait assurée de ce bel avenir qu’elle mérite».

Peu d’opposants au retour

Dans la cité mariale, comme à Nevers, certains (très peu cependant) s’opposent à la démarche entreprise par l’association. «Bernadette était une religieuse de la Charité à Nevers. Elle a déclaré qu’elle souhaitait rester là où elle était. Il n’y a pas de débat là-dessus», tranche pour l’heure Thierry Brac de la Perrière, l’évêque de Nevers.

Le directeur de la communication du diocèse et du sanctuaire de Lourdes, Mathias Terrier, ne voit pas, lui non plus, le bien-fondé de cette croisade : «Le sanctuaire n’est pas demandeur. Il y a dans la crypte de la basilique de Lourdes des reliques de Sainte Bernadette – un fragment d’une côte –, nous n’avons pas besoin de faire venir son corps.»

Les membres de l’association ne désespèrent pas de parvenir à leur fin : «Nous cherchons un consentement mais d’autres actions sont possibles», prévient José Marthe (lire encadré).

Guillaume Atchouel pour LA DEPECHE