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Elus chrétiens réfléchissent à l’accueil des migrants

A Lourdes, des élus chrétiens réfléchissent à l’accueil des migrants

Une centaine d’élus participaient de jeudi 12 à dimanche 15 octobre au pèlerinage annuel de l’association Chrétien élu public, à Lourdes, sur le thème de l’accueil des migrants.
Tous sont convaincus de la nécessité de l’accueil mais témoignent aussi d’un sentiment d’impuissance.

Sous la chaleur de ce samedi après-midi 14 octobre, une centaine d’élus venus de toute la France gravissent la colline des sanctuaires de Lourdes, sur laquelle trônent les statues du monumental chemin de croix des Espélugues. Maires, conseillers départementaux ou sénateurs, ils participent à la neuvième édition du pèlerinage annuel de l’association Chrétien élu public.

Sous l’intitulé « Solidarité contrainte, solidarité voulue », c’est le défi de la crise migratoire qui a occupé, de jeudi 12 à dimanche 15 octobre, les réflexions des participants. Pour la plupart, ces pèlerins sont des élus locaux, que l’on dit souvent « en première ligne » dans l’accueil des migrants. Aucun député de la nouvelle Assemblée nationale, en revanche, n’a répondu à l’invitation.

Au chemin de croix, ils reprennent les méditations du Vendredi saint de 2014, « Visage du Christ, visage de l’homme », rédigées par le cardinal italien Giancarlo Maria Bregantini à la demande du pape François. Les appels répétés de l’archevêque de Campobasso à accueillir les migrants, ces dernières années, ont marqué ces élus catholiques.

« Maintenant, je comprends davantage la démarche de ceux qui viennent »

« C’est vrai que certains sont un peu ennuyés par ce que le pape nous demande, mais au fond de nous-mêmes, nous savons tous qu’il a raison », affirme Frédéric de Saint-Sernin, ancien secrétaire d’État de Jacques Chirac et ancien maire de Nontron (Dordogne), aujourd’hui directeur général délégué de l’organisation humanitaire Acted. « Et même sans être chrétien, quel est l’élu qui, aujourd’hui, irait soutenir le regard du pape et lui dire qu’il a tort ? »

De fait, même certains élus réticents reconnaissent que leur regard sur la question a changé au cours de ce pèlerinage. « Jusqu’à présent, on nous parlait souvent de ces personnes sous la forme d’un flux intarissable auquel il nous fallait faire face », reconnaît Élisabeth Beauvais, conseillère municipale à Niort (Deux-Sèvres).

« Maintenant, je comprends davantage la démarche de ceux qui viennent, et le fait qu’ils ne viennent pas de gaieté de cœur ou en quête d’un eldorado. Cela permet de voir le drame humain, plutôt que la masse. Je crois que beaucoup de maires seraient prêts à en faire davantage pour les accueillir, mais ils en ont peur car il y a la perspective des élections. »

Accueillir des migrants est impopulaire auprès des électeurs

Sur ce dernier point, les témoignages des pèlerins sont unanimes : accueillir des migrants, ou même manifester une volonté de le faire, est impopulaire auprès des électeurs. Depuis les attentats, immigration, islamisme et terrorisme se confondent dans l’opinion.

Et les élus présents accusent volontiers les médias d’entretenir une méfiance généralisée. Beaucoup disent surtout leur impuissance. Face, notamment, aux décisions des préfets, qui bloquent parfois des initiatives.

« Lorsque le pape a lancé son appel aux paroisses pour l’accueil des réfugiés, plusieurs familles ont écrit au préfet pour se porter volontaires », témoigne ainsi ­André Flajolet, maire de Saint-Venant (Pas-de-Calais) et président de l’association des maires du département. « Personne n’a reçu de réponse, tout simplement parce que le gouvernement avait décidé qu’il ne répondrait pas à cet appel. »

Les contraintes, budgétaires ou logistiques

D’autres soulignent leurs contraintes, budgétaires ou logistiques. « Sur ma commune, il y a déjà quinze familles en attente d’un logement social, glisse un élu de l’Est. Il est impossible d’accueillir des migrants, et les habitants ne pourraient pas comprendre que nous les fassions passer en priorité. »

Mais sur le fond, on ne retrouve pas, chez ces élus engagés, les débats qui divisent les catholiques sur cette question. Même si, en privé, certains expriment sans détour leur méfiance, en particulier vis-à-vis de l’islam.

« Nous sommes chrétiens, le devoir d’accueil est une évidence », confirme Gaëtan de Trogoff, maire d’Argenton-les-Vallées (Deux-Sèvres). « Mais le problème est clairement politique. Si l’État nous donnait les moyens d’accueillir correctement, tous les maires diraient oui, cent fois. »

« Pour les élus, ce pèlerinage est un réel soutien »

Père Laurent Stalla-Bourdillon, aumônier du Service pastoral d’études politiques (Spep)

« Assumer un mandat d’élu est une très lourde responsabilité. Certains éprouvent des difficultés à exprimer et défendre leurs convictions, au sein d’un conseil municipal ou dans d’autres instances. Quel que soit le mandat, l’articulation entre foi et engagement public est toujours une question importante et délicate. Passer trois jours ensemble, pouvoir échanger avec d’autres qui partagent ces convictions est un réel soutien. L’objectif de ce pèlerinage est qu’ils se sentent davantage capables de discuter, dans leurs cercles, autour des questions que nous soulevons et d’en débattre. »

Gauthier Vaillant (à Lourdes)

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