Messe 11 février 2014
Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, a prononcé l’homélie de la messe internationale du Sanctuaire de Lourdes pour la fête de Notre-Dame de Lourdes, le 11 février 2014. En voici le texte intégral.
Homélie 11 février 2014
Le troisième jour il y eut un mariage à Cana en Galilée. Nous n’en finirons pas de méditer cet évangile qui met toute la vie de Jésus dans une atmosphère de noce, de joie, de fête, d’alliance. Il est l’époux venu rejoindre l’épouse, l’humanité entière, pour lui donner la vie, pour la rendre à la vie. Le vin est précisément le signe de cette vie donnée, de cette vie offerte, de ce sang versé à cause du trop grand amour dont nous sommes aimés par Dieu. C’est ce vin qui réjouit le cœur de l’homme, comme dit le psaume. Et c’est pourquoi il est aussi le signe de la joie. Jésus veut rendre l’humanité à la vie. Il vient aussi la rendre à la joie. Et le signe de cela, c’est ce vin coulant en abondance aux noces de Cana.
«Ils n’ont plus de vin». Dans l’évangile de Jean, la vie publique de Jésus commence là. La prédication du Royaume commence, à Cana, avec cette remarque de Marie. Comme si l’évangélisation débutait avec le regard que Marie pose sur la noce et sur les convives : «Ils n’ont plus de vin».
Ce regard voit la soif du cœur de l’homme, la comprend, la discerne au milieu des évènements et des changements du monde. Beaucoup d’hommes et de femmes n’ont plus à boire que des boissons frelatées qui les enivrent pour un soir mais qui n’étanchent pas leur soif ; et qui les laissent dans une forme de déception et de tristesse. Beaucoup d’hommes et de femmes ne savent plus comment goûter la joie : la joie d’aimer en se donnant, la joie d’être aimé pour soi-même, la joie de trouver un sens et un horizon à son existence, la joie de la rencontre et du dialogue avec Dieu. Ils n’ont plus de vin parce qu’ils ont perdu la vie et la joie.
Marie est là, parmi les convives et prend part à la fête. Elle se fait proche, d’une proximité toute simple qui entre en conversation, qui demande des nouvelles, qui s’intéresse, qui écoute, qui comprend, qui cherche des réponses, qui encourage ; et qui, parfois aussi, se tait, compatit, console d’un simple geste. Voilà la proximité de Marie.
Son regard est un regard de bonté, un regard d’amitié. Mais c’est aussi un regard lucide; lucide parce qu’il accepte d’être confronté à la réalité ; avec sa part de nuit, d’échec, d’impasse.
Pourtant Marie ne se laisse enfermer ou déstabiliser par la nuit, par le désordre, par le doute.
On peut se faire tellement proche de quelqu’un, qu’on en arrive à se laisser totalement absorber par sa misère ou par sa colère au moment de l’épreuve. On a tellement réduit les distances que son désarroi devient le nôtre et qu’on s’y laisse enfermer. Il y a des proximités étouffantes parce qu’on n’y a plus aucun recul. Il faut sauver l’autre à n’importe quel prix en devenant soi-même la solution à ses difficultés.
Notre tentation, face à la misère de l’autre, c’est de vouloir être la solution. C’est de penser que nous pourrons tout. Il y a là comme un désir de puissance. Comment être proche de celui qui souffre sans se laisser envahir et submerger par sa souffrance ? Sans prétendre pouvoir tout solutionner ? En acceptant de ne pas pouvoir tout résoudre, en acceptant notre part d’impuissance ? Marie se fait proche par sa simplicité et sa confiance. Mais elle laisse aussi un espace de liberté. Elle ne cherche pas à prendre le contrôle de la situation. Elle s’efface et renvoie à Jésus. Et dans cet espace qu’elle a laissé, il peut alors accomplir son œuvre de salut.
C’est de là que vient l’espérance de Marie. Elle ne veut pas être tout. Et elle ouvre une porte, celle du Royaume. Marie voit et écoute ; elle comprend les attentes et les soifs. Elle sait pourtant que ce n’est pas elle qui les comblera. Et, du coup, elle s’efface : ce n’est pas d’elle que viendra le salut : c’est de Jésus, venu chercher et sauver ce qui était perdu. C’est lui qui apporte le vin des noces, sa vie donnée, son sang versé. C’est lui qui donne au monde sa joie, la vraie joie ; celle qui vient de la conscience d’être aimé de Dieu de manière inconditionnelle.
«Faites tout ce qu’il vous dira». Si Marie s’efface devant le Seigneur, cela ne l’empêche pas d’appeler les serviteurs pour qu’ils se rendent disponibles à ce que Jésus veut faire. Ces hommes seront à la fois les témoins et les collaborateurs de l’œuvre de Dieu. Ils vont servir le vin nouveau et être ainsi associés à la joie de la fête à la joie retrouvée.
Marie nous invite encore maintenant à devenir les serviteurs de la joie des noces. Il n’y a pas de plus belle mission pour nous, les baptisés que d’être au service de cette joie. Chacun de nous peut l’être auprès de ses proches, dans sa famille, dans sa vie professionnelle, dans son quartier, dans sa commune, dans la vie politique dans son collège ou son lycée. L’Eglise est là où les baptisés sont présents, portant dans le cœur la joie de l’Evangile et posant, sur toutes les situations, sur tous les évènements, le regard de Marie, ce regard d’espérance, laissant la place au Christ Seigneur, laissant sa place à l’époux qui vient.
Aujourd’hui nous prions tout particulièrement pour toutes les personnes malades. Nous les portons dans notre prière à la Grotte de Lourdes, là où tant de personnes atteintes par la maladie, par le handicap ont trouvé et gardé l’espérance. Nous demandons de savoir être auprès d’eux, à l’école de Marie, des serviteurs de la joie des noces.
Mgr Nicolas Brouwet
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