Record de baptisés à #Lourdes
Pèlerinage militaire international à Lourdes :
record de baptisés et lueur d’espoir
Le Pèlerinage militaire international (PMI en forme courte) est relativement méconnu au sein de ce que l’on peut appeler (en l’occurrence à double titre) la société civile. Il trouve des racines informelles dès 1945, lorsque des soldats catholiques épargnés par la guerre se rendirent à Lourdes, devant la célèbre grotte, pour rendre grâces à la Sainte Vierge d’être encore vivants. On peine à comprendre, avec les yeux de notre siècle blasé, la ferveur qui était monnaie courante parmi les soldats des deux guerres mondiales. Par exemple, le drapeau tricolore frappé du Sacré-Cœur, que les abrutis d’extrême gauche prennent aujourd’hui pour un symbole nationaliste, était cousu sur la poitrine de très nombreux poilus. Et on ne parle même pas des apparitions mariales, que décrivirent des milliers de soldats allemands : une très belle dame, dans les cieux, leur barrait la route de Paris et ils ne pouvaient littéralement, physiquement, plus avancer.
Bref, après cette initiative de 1945, le pèlerinage s’organisa de manière formelle dès 1958, autour de Mgr Badré, directeur de l’aumônerie militaire catholique française, qui invita les catholiques des armées des pays membres de l’OTAN à se retrouver à Lourdes. Les années ont passé, mais le succès du PMI ne s’est pas démenti. Cette année, les chiffres sont éloquents : 15.000 pèlerins venus de 37 pays différents, chacun avec son uniforme et son drapeau, tous humbles catholiques devant la Vierge Marie qui les connaît et les aime tous.
Il y a également, pour l’année 2024, une autre statistique qui est loin d’être anodine : 180 pèlerins ont été baptisés, cette année, au cours du PMI. Il y en avait eu 120, l’an dernier. Il y en avait une petite cinquantaine, chaque année, pour les millésimes précédents. 180 nouveaux catholiques issus des rangs des armées européennes. On aurait tort de croire qu’il s’agit d’une année extraordinaire, que ça va s’arrêter et que nous allons revenir à la mélasse tiède des petites chansons conciliaires et au spectacle désolant des églises vides et en ruine, une fois que ce sera terminé. Le nombre de baptêmes à Pâques, en France, était lui aussi un record. Le nombre de pèlerins allant de Paris à Chartres, pour le week-end de la Pentecôte, l’était aussi.
Premier constat, donc : il va falloir nous y faire, et ce n’est pas désagréable, le catholicisme n’est plus un acquis familier (comme dans les années 60-70), ni un ornement ringard et vaguement honteux (comme dans les années 80-90), ni une marotte identitaire pour les idéalistes (comme dans les années 2000-2010). Non : aujourd’hui, être catholique, c’est l’aboutissement d’une longue réflexion, peut-être d’une longue traversée du désert nihiliste de la postmodernité. Le catholicisme devient une affaire sérieuse.
Deuxième constat : les militaires vivent dans la radicalité et connaissent mieux que personne le grand écart moral de notre temps : engagement absolu et absence de sens de la mission ; fraternité d’armes et ingratitude du monde ; beauté morale, laideur morale. Ils ont devant eux les preuves du péché originel et celles de l’existence d’une rédemption. 180 d’entre eux ont mené à leur terme cette réflexion de fond et ont suivi les traces de Clovis. Il n’est pas surprenant qu’un tel milieu génère davantage de conversions.
Ceux qui ont aujourd’hui entre 35 et 60 ans ont eu longtemps la tentation de se dire que tout cela finirait comme ça avait commencé : dans les catacombes, en essayant d’échapper aux persécutions. Tout prouve, au contraire, que ça va finir comme sur les remparts d’un quelconque fort de croisés des États latins d’Orient. Isolés, assiégés, mais certains d’être aimés et de combattre le bon combat, les catholiques sont là. De plus en plus nombreux. Et certains, donc, sont militaires. Rien n’est perdu !
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