Rencontre avec Mgr Nicolas Brouwet
…nouvel évêque de Tarbes et Lourdes
Le plus jeune évêque de France, Mgr Nicolas Brouwet, succède à Mgr Jacques Perrier. Sa devise épiscopale est à elle seule un programme pastoral, libre de tout calcul et de toute forme de “négociation” à la manière de ce monde : « Marchons sous la conduite de l’Esprit Saint » (Paul aux Galates, 5-25)… À la source de sa vie spirituelle et de son engagement pastoral, il y a l’Institut Saint-Jean fondé par le cardinal Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr. « Balthasarien », Mgr Brouwet voit l’histoire humaine dans la dynamique de l’incarnation et de la rédemption, car pour lui tout s’enracine dans le mystère de Dieu. Le nouvel évêque de Tarbes et Lourdes, né en août 1962, n’a pas encore 50 ans. Il était évêque auxiliaire de Nanterre depuis 2008. Après avoir obtenu une maîtrise en histoire à la Sorbonne, ayant aussi été coopérant à Jérusalem, il a fait ses études au Séminaire français de Rome et à l’Université pontificale Grégorienne, ainsi qu’à l’Institut Jean-Paul II où il a obtenu une licence de théologie du mariage et de la famille (Université du Latran). Il préside depuis quelques mois un groupe de travail des évêques de France baptisé « Internet et l’Eglise ». Mgr Jacques Perrier est Administrateur apostolique jusqu’à la prise de possession canonique du diocèse par son successeur, qui a lieu ce dimanche 25 mars à 15h, en la basilique Saint-Pie X. Dans l’attente de cette grande célébration d’accueil où le diocèse de Tarbes et Lourdes sera rassemblé autour de son nouveau pasteur, voici le premier entretien que Mgr Brouwet a accordé à Lourdes Magazine, la revue officielle des Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes :
– Monseigneur, que représente Lourdes et plus largement le pèlerinage dans l’histoire de votre vocation à suivre le Christ pour le service de l’Eglise?
Pendant mon adolescence j’ai fait de nombreux voyages à Lourdes avec mes grands-parents. Chaque année nous partions pour un pèlerinage de quelques jours avec ma sœur ou des cousins. J’y ai découvert assez naturellement une grande proximité de Marie. Pourquoi ? Parce que je voyais des adultes se confier à elle avec ferveur. P as deux ou trois adultes, mais des milliers. Pour un jeune homme ce témoignage est assez convaincant. A la grotte, il n’y avait pas de faux-semblant ; les pèlerins semblaient prier de manière sincère. Toute sorte de gens. Je ne pouvais qu’être touché par cette unanimité. C’est comme si ces chrétiens me disaient : « ici tu trouveras toujours une foi simple mais vraie ; ici tu seras toujours accueilli comme tu es ; ici tu pourras aussi toujours déposer ta prière, ton action de grâce, tes fardeaux ».
– Vous êtes un jeune évêque, proche des jeunes donc, comment pensez-vous qu’un grand sanctuaire tel que Lourdes puisse toujours mieux contribuer à susciter des vocations, notamment sacerdotales?
Lourdes offre en fait une belle image de l’Eglise. Une image non pas théorique mais très concrète : Dieu est au centre. Les malades et les humbles ont la première place. Et, à cette première place, ils rayonnent de la foi qu’ils ont dans le cœur. Les pèlerins valides, eux, ont deux sortes d’activités : prier le Seigneur et servir les malades. On pourrait dire ainsi qu’ils passent leur journée à genoux : à genoux devant Dieu pour l’adorer et à genoux devant leurs frères pour les servir. Les prêtres les accompagnent ; eux aussi sont au service : au service des malades, des brancardiers, des pèlerins, bref au service de tous pour les encourager dans la foi. Mais on les voit aussi prier personnellement, dire le chapelet, avoir de longs temps de méditation. On voit également à Lourdes des religieux, des religieuses de tous les instituts et de tous les continents réunis dans la célébration du même Seigneur.
Or c’est tout cela qui fonde des vocations. C’est comme si on voyait l’Eglise vivre en totale transparence. L’Eglise qui fait monter vers Dieu sa louange et son intercession pour le monde. L’Eglise qui accueille et sert les pauvres. L’Eglise qui annonce sans complexe les mystères du Royaume. C’est la vocation la plus profonde de l’homme qui est remise devant nos yeux. Celle de servir et louer notre Créateur, en particulier dans l’amour du prochain. Avec chacun sa mission particulière. Un garçon ou une fille qui cherche sa vocation ne peut qu’être touché par la vue de l’Eglise « à cœur ouvert » avec l’envie d’y prendre sa place et de contribuer à sa joie.
– Quelle est à votre avis la place de la liturgie dans l’oeuvre de la nouvelle évangélisation, à laquelle Lourdes est appelée à participer toujours plus largement ?
Comme je viens de le dire, la liturgie nous remet devant notre appel premier : celui de louer Dieu ; c’est pour cette louange que l’homme a été créé. Et c’est pourquoi la liturgie a tant d’importance ; parce qu’elle nous fait remonter à la source. Et qu’en s’y abreuvant, nous pouvons réorienter toute notre vie.
Mais la liturgie nous rappelle autre chose : c’est que nous sommes faits pour la communion. Le salut auquel nous sommes appelés n’est pas un salut individuel. L’individualisme contemporain est du coté de la séparation, de l’isolement, de l’enfermement en soi, dans ses catégories, dans son moi. En ce sens il est profondément contraire à l’Evangile. Car ce qui sépare, c’est la peur de l’autre, le désir de le dominer, de l’asservir ou alors de l’éloigner pour qu’il n’empiète pas sur notre sphère privée. C’est précisément l’œuvre du péché.
Or la liturgie nous fait justement goûter à un salut qui a la saveur d’une réconciliation, d’une communion qui nous rassemble autour du Père. La liturgie nous fait comprendre que la fraternité entre les hommes ne peut se réaliser que dans la reconnaissance d’une paternité commune, celle de Dieu.
– En quoi la Vierge Marie inspire-t-elle votre action pastorale, et au regard de votre expérience spirituelle quel sens donnez-vous au mystère de l’Immaculée Conception dont Lourdes est une manifestation à dimension universelle ?
Benoît XVI, en venant à Lourdes en 2008, expliquait que Marie, parce qu’elle est conçue sans péché, est celle qui rassemble. Le péché divise ; le consentement à Dieu rassemble. Si Marie est proche de chacun de nous, c’est précisément parce qu’elle est sans péché. Parce qu’elle n’a pas un ego qui fait écran et réclame son dû. En étant toute à Dieu, sans résistance à l’Esprit, elle nous montre la route d’une vie disponible à la Parole du Seigneur. D’une vie qui se fait écho à la Parole de Dieu. Au fond, je n’ai pas d’autre projet pastoral que d’encourager les habitants des Hautes-Pyrénées et les pèlerins de Lourdes à mener cette vie-là.
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