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08\12\2015 Texte de l’homélie de Mgr Brouwet

Messe internationale du 8 décembre 2015 à Lourdes

Le texte de l’homélie de Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, lors de la messe internationale de Lourdes du 8 décembre 2015, pour la fête de l’Immaculée Conception et l’ouverture du Jubilé de la Miséricorde.

Nous ouvrons aujourd’hui avec toute l’Eglise, en communion avec le pape François, une Année de la  Miséricorde. Et nous l’ouvrons avec  Marie, en célébrant la solennité de l’Immaculée Conception. Figurez-vous que l’on ne trouve pas le mot « miséricorde » tel quel dans l’Ancien Testament. En hébreu il n’y a pas de mot pour dire « miséricorde ». Ou plutôt quand on trouve le mot « miséricorde » dans nos bibles, il traduit deux mots hébreux différents.

1. Il traduit tout d’abord le mot «fidélité ». L’amour de Dieu, son amour miséricordieux, est un amour fidèle, que Dieu ne reprend pas. Nous l’avons chanté tout à l’heure avec le psaume 97 : « Le Seigneur s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël. ».

Et, dans la 2° lecture, la lettre de Saint Paul aux Ephésiens nous rappelait l’incroyable projet de Dieu : « il nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ. » Et il ajoute : « Dieu réalise tout ce qu’il a décidé. »

Voilà sa fidélité, son amour fidèle et miséricordieux : Dieu veut à tout prix réaliser ses projets de salut pour l’homme, pour chacun de nous. Il veut faire de nous des fils et des filles bien-aimés et nous entraîner dans sa communion bienheureuse.  Et cela sans jamais désespérer devant nos infidélités, nos péchés, nos refus, nos faiblesses. Il ne veut pas nous contraindre ; mais, sans jamais se lasser, il cherche à susciter notre consentement. C’est pourquoi son amour est miséricorde : parce que Dieu ne se fatigue pas de venir nous chercher, de nous relever et de nous appeler à lui.

2. Il y a un second mot que l’on traduit par miséricorde dans la Bible. C’est le mot « entrailles ». Il évoque l’amour maternel d’une mère pour son enfant ; un amour qui vient du plus profond de soi, un amour viscéral que rien ne peut remettre en cause, que rien ne peut ébranler ; même les trahisons, même les abandons les plus manifestes.

Une mère auquel son enfant tourne le dos, qui voit son enfant partir, prendre la direction opposée à ce qu’elle avait souhaité pour lui, renier son héritage, son éducation, les valeurs reçues, cette mère est capable de garder, malgré tout, pour cet enfant, un attachement instinctif. Voilà ce qu’est l’amour miséricordieux du Seigneur. Il nous aime de cet amour maternel que rien, pas même la plus grande indifférence, ne peut ébranler.

Cet amour qui vient des entrailles est un amour qui sait souffrir, supporter l’éloignement, le mépris, l’ingratitude. C’est un amour qui accepte d’engendrer dans la souffrance ; mais pour donner la vie.

3. Quand Marie, au moment de l’Annonciation, répond à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur », elle se met précisément au service de cet amour miséricordieux, au service de la fidélité de Dieu à son peuple, à son projet pour l’humanité.

Elle est « comblée de grâce », la première des rachetés, conçue immaculée par les mérites de la croix du Seigneur. Elle sait ce qu’est la miséricorde divine parce qu’elle en vit tout entière et chaque jour. Il n’y a rien en elle qui lui fait obstacle. Elle la reçoit à chaque instant de son existence sans y faire écran, sans jamais chercher à s’en affranchir. Elle sait que le Seigneur fait pour elle des merveilles et que sa miséricorde s’entend sur ceux qui le craignent.

Et elle voit cette miséricorde du Père à l’œuvre dans la vie de Jésus, dans ses actes, ses paroles, ses décisions, son amour pour les pauvres, sa proximité des pêcheurs, sa bienveillance pour ses apôtres, sa patience pour ses disciples. Elle réalise que son fils est le visage de la miséricorde du Père.

C’est pourquoi elle est le reflet le plus pur, le plus parlant, dans notre humanité de la miséricorde de Dieu, de son inlassable fidélité, de son inépuisable tendresse. Et elle nous a été donnée pour mère afin de nous enseigner cela, pour nous rappeler cela : que le Seigneur ne désespère jamais de nous, que son amour est plus fort que notre péché, que son amour nous poursuit et nous attend.

Nous invoquons Marie comme refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, secours des chrétiens et mère du bon conseil parce qu’elle nous rappelle, au moment du doute sur nous-mêmes, au moment des doutes sur Dieu, au moment de l’oubli de Dieu, au moment des ténèbres, de la solitude, de l’incompréhension, comment ne jamais douter de l’amour de Dieu.

Par son sourire elle nous rappelle la tendresse de Dieu, par sa douceur elle nous parle de la patience de Dieu, par son humilité elle nous évoque le regard aimant de Dieu, par son action de grâce elle nous introduit dans la joie du ciel.

Marie, servante du Seigneur, accomplit le service de l’amour, le service de l’amour miséricordieux qui patiente, qui fait confiance, qui pardonne, qui comprend, qui espère.

Lourdes est l’école de Marie, l’école où elle nous enseigne la miséricorde qui accueille avec générosité ; l’école où elle nous apprend à poser un autre regard : un regard de tendresse pour les pécheurs, un regard d’encouragement pour ceux qui peinent, un regard plein d’humanité pour ceux qui sont défigurés, un regard de compassion pour ceux qui souffrent, un regard de bienveillance pour ceux qui sont différents, un regard de confiance, un regard de vérité, un regard qui élève et qui fortifie. Marie est mère de miséricorde et nous voulons nous mettre à son école ici à Lourdes.

Je vous propose de nous laisser  emporter par ce regard de miséricorde pendant cette année. De commencer par nous laisser aimer de cet amour-là. C’est parfois le plus difficile : d’accepter cet amour gratuit de Dieu, cet amour qui ne se fatigue pas de nous, cet amour qui croit en nous, qui, sans cesse, nous renouvelle sa confiance. Laissons-nous vaincre par la miséricorde de Dieu dont Marie est le parfait échos. « Sois sans crainte car tu as trouvé grâce auprès de Dieu ». Laissons ces paroles de l’ange à Marie résonner en nous. Prenons-les pour nous. Le Seigneur, en cette année, vient faire en nous toutes choses nouvelles. Ouvrons-lui en grand les portes de notre vie !

Amen.

Maria è il riflesso più puro, più eloquente, nella nostra umanità, della misericordia di Dio, della Sua incessante fedeltà, della Sua inesauribile tenerezza. Ci è stata donata come madre allo scopo di insegnarci questo, per ricordarci questo: che il Signore non perde mai la speranza nei nostri confronti,  che il Suo amore è più forte del nostro peccato, che il Suo amore ci segue da vicino e ci aspetta.
Noi invochiamo Maria come rifugio dei peccatori, consolatrice degli afflitti, soccorso dei cristiani e madre del buon consiglio, perché nel momento del dubbio su noi stessi, del dubbio su Dio, quando dimentichiamo Dio, nel momento delle tenebre, della solitudine, dell’incomprensione, lei ci ricorda come fare per non dubitare mai dell’Amore di Dio su di noi.

Through her smile/ Mary reminds us of God’s tenderness, through her gentleness/ she talks to us of God’s patience, through her humility she evokes for us/ God’s loving gaze, through her thanksgiving/ she introduces us to Heaven’s joy.
Mary, the Lord’s servant,/ accomplishes the service of love, the service of a merciful love which is patient, trustful, forgiving, understanding, hopeful.
Lourdes is Mary’s school,/ the school where she teaches us mercy/ which welcomes with generosity ;
the school where she teaches us to look differently :
– to look with tenderness on sinners,
– to look with encouragement on those who struggle,
– to look with humanity on those who are disfigured,
– to look with compassion on those who suffer,
– to look with kindness on those who are different,
– a look of trust, a look of truth,
– a look which lifts up and strengthens.
Mary is mother of mercy and we want to be a part of her school here in Lourdes.

Les propongo, durante este año, dejarnos llevar por la mirada misericordiosa de Dios. Comenzar dejándonos amar de este amor misericordioso. Es a veces lo más difícil: aceptar este amor gratuito de Dios, este amor que no se cansa de nosotros, este amor que cree en nosotros, que, sin cesar, nos renueva su confianza.
Dejémonos vencer por la misericordia de Dios de la que María es el perfecto eco. “No temas, María, porque has hallado gracia delante de Dios”. Dejemos resonar en nosotros estas palabras del ángel a María. Hagámoslas nuestras. El Señor, en este año, viene a nosotros para hacer cosas nuevas. ¡Abrámosle en grande las puertas de nuestra vida!

Amen.

Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes

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