Billet du Vicaire Général Diocese aux armees
Billet du Vicaire Général
Encore les ravages de l’inculture : on confond droit et morale !
Je dois l’avouer avec franchise : cela me démangeait depuis un certain temps de mettre mon grain de sel dans l’histoire de ce musulman nantais accusé de polygamie…
Encore les ravages de l’inculture : on confond droit et morale !
Je dois l’avouer avec franchise : cela me démangeait depuis un certain temps de mettre mon grain de sel dans l’histoire de ce musulman nantais accusé de polygamie. J’ai réfréné tant que j’ai pu mon prurit polémique mais je profite de ce que mon ami Kamel Meziti, aumônier musulman de la Marine Nationale, ait écrit un article dans lequel il évoque ce sujet, pour lui donner la réplique avec d’autant plus de bonheur que nous sommes parfaitement d’accord sur la question !
Si l’on s’en tient en effet aux propos de l’intéressé, l’infidélité serait « islamiquement correcte » et seuls les chrétiens seraient de pauvres attardés avec leur fidélité à la gomme. Citons ses déclarations telles que la presse les a reproduites : « si l’on était déchu de la nationalité française pour avoir des maîtresses, beaucoup de Français seraient déchus. Ce n’est pas interdit en France, ni dans l’islam, peut-être dans le christianisme, mais pas en France ».
Certes, depuis 1975 l’adultère ne tombe plus, en France, sous le coup de la loi pénale. Encore qu’on puisse l’utiliser comme motif dans une procédure de divorce comme manquement à une obligation contractuelle. Mon confrère aumônier musulman met toutefois le doigt sur un aspect qui me semble bien plus important que le droit, c’est celui de la morale. Je le cite : « la mauvaise foi manifeste de ces propos ou, à tout le moins, l’instrumentalisation, doivent être soulignées avec force : aucune des religions abrahamiques ne considère l’infidélité comme une vertu cardinale et l’islam ne fait pas exception à la règle ! Il faut mettre ce monsieur devant ses responsabilités. Soit il est polygame et a contracté des mariages religieux pour être en conformité avec « sa » pratique. Dans ce cas-là, il assume les conséquences pénales qui peuvent en découler, car la polygamie entre en contradiction avec les lois républicaines françaises. Soit il a effectivement des « maîtresses » et non des épouses, et il entre en total désaccord avec les préceptes coraniques et éthiques de la foi musulmane, qui considèrent la fornication et l’adultère comme un péché incompatible avec la morale d’un bon croyant. En outre, il méprise ainsi la condition et la dignité féminines. »
Nous voilà au cœur du problème. La pensée moderne est tellement confuse – merci ceux qui ont limité l’étude de la philosophie à une peau de chagrin dans le programme des lycéens ! – que soit on confond morale et droit soit, sous l’influence de plus en plus prégnante de la pensée anglo-saxonne, on ne voit tout que par un seul bout de la lorgnette : la loi et le recours au juridique. Que je sache l’engagement humain ne se limite pas au respect de principes de droit qui se ficheraient du comportement !
Mon confrère musulman se plaint à juste titre de ce genre de coreligionnaire qui se fabrique son « self-made islam » mais je pourrais lui emboîter le pas vis-à-vis de ces chrétiens qui se font eux aussi leur « self-made évangile ». A chacun son discours, à chacun ses pratiques et vive l’individualisme forcené. Il y a des discours qui m’assomment complètement. Exemple entendu dans le TGV en route pour le pèlerinage militaire de Lourdes : « moi ce pape je ne l’aime pas, tout ce qu’il raconte je m’en contrefiche, c’est vieux jeu et ça ne me convient pas ». Pitoyable illustration d’un catholicisme à géométrie variable comme je le déplore si souvent…
Mais où donc est passée la quête de la sagesse dans une telle démarche que je n’ose même plus qualifier de croyante, encore moins de religieuse… Chacun s’estime désormais suffisamment éclairé pour se guider lui-même. Un type qui se juge trop éclairé, moi j’appelle ça un illuminé et je rejoins encore mon confrère musulman qui ajoute que la surenchère médiatique anti-religieuse actuelle est « encouragée par quelques illuminés ayant leurs propres référents idéologiques » qui les mettent en complet décalage avec les fondements mêmes des religions monothéistes qu’ils croient professer. Car toutes – d’Abraham à Mahomet en passant par Moïse et le Seigneur Jésus – sont basées sur des principes d’équilibre, d’harmonie et de pondération.
Talleyrand disait que tout ce qui est excessif est insignifiant. Tous les intégrismes, tous les extrémismes, portent atteinte à la signification profonde de la démarche de foi en occultant totalement le rôle primordial de la morale.
Robert Poinard
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