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Le voyage en Italie du reliquaire “Sainte Bernadette”

Sainte Bernadette a été particulièrement à l’honneur le 18 février, à Lourdes (lire ci-dessous l’homélie de la messe à la paroisse). Elle est aussi à l’honneur ces jours-ci en Italie où sa châsse reliquaire parcourt près d’une vingtaine de diocèses, du nord au sud du pays. Un événement.

Le voyage en Italie du reliquaire “Sainte Bernadette” du Sanctuaire de Lourdes

DU 1ER MARS AU 28 AVRIL

Pendant deux mois, le reliquaire de sainte Bernadette, celui qui est proposé à la vénération des pèlerins dans une chapelle latérale de la Crypte du Sanctuaire, sillonne les diocèses d’Italie, du nord au sud. Il est proposé à la vénération des pèlerins dans dix-huit diocèses : Como, Cuneo, Fidenza, Livorno, Vittorio, Veneto, Trieste, Ancona-Osimo, Sora Cassino Aquino, Pontecorvo, Isernia, Pozzilli, Corato, Cosenza, Noto, Acireale, Salerno, Sant’Anastasia, Castellammare.

L’HOMÉLIE DU PÈRE ANDRÉ CABES, RECTEUR DU SANCTUAIRE DE LOURDES

« Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien. » Telle est l’invitation de saint Paul au début de la lettre aux Corinthiens que nous venons d’entendre. Regardez bien, telle est l’invitation adressée à Bernadette au cours des semaines d’apparitions, tandis qu’au fond d’un trou noir du rocher, elle doit contempler un être de lumière. Regardez bien, c’est l’invitation faite aux habitants de Lourdes et aux pèlerins d’aujourd’hui comme en 1858. Regardez, non pour voir une apparition céleste, mais pour distinguer au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas. Ainsi Jean Baptiste au bord du Jourdain appelait ses contemporains à reconnaître le Messie, celui sur qui l’Esprit viendra se reposer. Regardez bien, pour reconnaître le messager qui vous est envoyé, et qui ressemblera, on s’en doute, à son Maître, ce Messie à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds.

Regardez bien, laissez vos yeux, les yeux de votre cœur s’apprivoiser à ce qui est invisible en surface, mais qui s’éclaire sous la lumière venue d’en haut. Il y a tout juste huit jours, nous fêtions la première apparition de Marie à Bernadette. Aujourd’hui, nous voudrions fêter l’apparition de Bernadette à Marie, reconnaître en cette petite de rien du tout : « Bernadette, ce n’est que ça ! » dira-t-on encore au couvent de Nevers ; nous voudrions reconnaître en elle une image, un reflet, un écho, de ce bonheur de l’autre monde qui nous est promis.

Quand l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence eut interrogé la voyante, il se tourna vers ses conseillers pour leur dire : « Avez-vous vu cette enfant ? » A nous aussi la question est posée : Avons-nous reconnu Bernadette ? Par elle seulement, nous aurons accès à Marie et à l’Evangile de Jésus. Elle est l’unique témoin de l’événement de Lourdes ; « la qualité du témoin », ce sera le premier argument de l’évêque pour reconnaître l’authenticité de l’apparition. Pour cela, nous ne pouvons rester des spectateurs neutres, d’une manière ou d’une autre, nous devons nous engager à sa suite. Aucune carte ne nous est fournie ; « Venez et vous verrez » : c’est la seule consigne qui nous est donnée.

Nous allons essayer de poser sur Bernadette le regard de Marie, pour découvrir les racines qui la portent et favorisent sa croissance humaine et spirituelle. Nous verrons s’éclairer le mystère qu’elle est appelée à servir, mystère d’un amour privilégié pour les pauvres et pour les pécheurs. Nous serons invités à devenir nous aussi grains de blé enfouis en terre pour mourir et porter du fruit.

Le terreau nourricier de la vie de Bernadette, les racines qui la portent, c’est d’abord l’amour de ses parents, que rien, ni la maladie, ni la ruine, ni les accusations des gens bien intentionnés, un amour que rien n’a pu menacer. Cet amour s’alimentait à une prière fidèle en famille. Quand les Soubirous finirent par être logés au cachot, ce « bouge infâme », jugé insalubre pour des prisonniers, le cousin Sajous, qui habitait à l’étage au-dessus, pouvait témoigner : « Jamais je n’ai entendu le bruit d’une dispute, mais toujours le murmure de la prière. » Bernadette est solide parce qu’elle s’appuie sur l’amour reçu en famille, et cet amour est solide parce qu’il se nourrit sans cesse d’un amour plus grand, celui de la famille divine manifesté sur la croix du Fils bien aimé. Lors de la première apparition, Bernadette apprendra à faire un beau signe de croix qui l’accompagnera jusqu’à la fin : la croix témoigne d’un amour plus fort même que la souffrance et la mort.

Ainsi notre petite Lourdaise peut se laisser conduire, sa route est orientée. Elle peut entrer dans la grâce de la rencontre qui lui est proposée à Massabielle. Elle va pouvoir nous confier, à nous aussi, d’être pour le monde des messagers de la tendresse d’un Dieu qui veut rejoindre les plus perdus de ses enfants.
Nous nous rappelons la délicatesse de l’Apparition qui lui demande, en ce 18 février, si elle veut bien revenir ici pendant quinze jours. Bernadette n’est pas le simple objet qu’on manipule, elle devient partenaire d’une alliance. Tandis qu’elle avait appris de son accompagnatrice, Mme Milhet, une belle formule des salons : « Madame, auriez-vous la bonté de mettre votre nom par écrit ? » Bernadette s’aperçoit que c’est elle qui doit faire une faveur à son interlocutrice : « Voudriez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » A la promesse qu’elle fait, elle reçoit en retour l’assurance qu’elle connaîtra le bonheur d’un autre monde, ce ciel qui veut s’ouvrir aux yeux et au cœur des croyants. L’Eglise est ce lieu où l’on devrait pouvoir faire l’expérience du bonheur du ciel. Et précisément au soir même du 11 février, Bernadette se confiant au vicaire de la paroisse, l’abbé Pomian, a entendu celui-ci lui faire respectueusement une demande : « Me permettez-vous d’en parler à Monsieur le Curé ? » Sans doute a-t-elle pu réaliser déjà ce qu’elle expérimentera dans l’attitude de Marie : « Elle me regardait comme une personne qui parle à une autre personne ! » C’est si simple, mais pas si fréquent !

Le bonheur du ciel, ce n’est pas la tranquillité d’un club dont on rêve pour ses vacances. C’est un bonheur exigeant, un bonheur qui ouvre le cœur et nous fait grandir, un bonheur non pas centré sur son propre plaisir égoïste, mais qui grandit quand on le partage. Un bonheur à l’image de la joie des Personnes divines, qui n’existent que l’une par l’autre. Ainsi, Bernadette, à l’image de Jésus, doit-elle s’enfoncer dans la boue, semblable aux pécheurs qui ont abandonné la source d’eau vive pour se creuser des citernes crevassées. Pas plus que Jésus, la voyante ne vient condamner personne ; elle ouvre plutôt un chemin de confiance. Au fond de la boue, il n’y a pas la boue, mais la source. Au fond du péché, il y a le pardon et la miséricorde. « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » Bernadette rejoint l’enfant prodigue qui ne peut même pas manger la nourriture des cochons qu’on lui a donné à garder, alors qu’il a quitté la maison de son père, où de simples salariés ont du pain en abondance. S’il savait que son père l’attend depuis si longtemps déjà, et qu’il rêve seulement de pouvoir serrer son fils dans ses bras !

Parmi les multiples témoignages qu’on lui demandera, Bernadette donnera toujours la priorité aux gens qui sont loin : « Parce que vous êtes un grand pécheur, dit-elle un jour à un homme qui l’interroge, je vais vous refaire le geste et le sourire de la Sainte Vierge. » Bernadette, peu à peu, se laisse illuminer de l’intérieur par la transparence d’un amour venu la visiter. Au jour de l’avant-dernière apparition, le mercredi de Pâques, elle tient si longtemps le cierge entre ses mains qu’elle finit par avoir dans les doigts non plus la cire mais la flamme. Elle n’est pas brûlée, car elle est devenue cierge pascal, buisson ardent qui brûle sans se consumer, visage d’un Dieu qui, à travers les créatures les plus faibles, les plus fragiles, vient révéler l’amour qui le brûle et le consume, lui le premier.

Bernadette nous apprend ainsi le chemin de la mission : il ne s’agit pas de propagande, nous n’avons rien à vendre, mais tout à donner, plus exactement nous avons à partager ce qui ne nous appartient pas mais qui nous est seulement confié pour le transmettre à nos proches. « Miracle de nos mains vides, nous donnons ce que nous n’avons pas ! » Bernadette doit seulement « faire sa commission », sans toujours comprendre le message qu’elle porte, sans pouvoir contraindre qui que ce soit à l’accepter : « Je suis chargée de vous le dire, non de vous le faire croire ! » Et c’est dans l’humilité du quotidien, dans l’emploi d’infirmière, puis de malade, et finalement le seul emploi de la prière, qu’elle accomplit son rôle.

« Bonne à rien ! » ainsi se présentait-elle à l’évêque de Nevers qu’elle avait rencontré à Lourdes, « moulue comme un grain de blé », avouera-t-elle sur son lit de souffrance, se rappelant le bruit familier au moulin de son enfance. Traversée par la lumière mariale de l’amour et de la prière qui l’a toujours accompagnée, communiant à l’amour d’un Dieu venu non pour les justes mais pour les pécheurs, Bernadette est devenue hostie, assimilée à l’offrande de Jésus. « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ! » Sa mort, en effet, est un abandon confiant à l’œuvre de l’Esprit du Père, qui a seulement besoin de cette matière de nos vies, pour y faire passer le souffle de la vie.

Bernadette est une enfant de Lourdes, Bernadette est une enfant de Dieu. Née à la lumière de l’amour sur le trajet qui la mène du cachot à la grotte obscure de Massabielle, elle mûrit dans l’offrande cachée du couvent de Nevers. Elle nous est maintenant proposée comme un guide et un soutien pour la route à suivre…

Je ne résiste pas au désir de vous confier les quelques paroles retenues de l’homélie d’un prêtre de notre diocèse, ici même, lors du centenaire de sa mort, en 1979, comme un encouragement à avancer ensemble pour répondre nous aussi à la visitation de Marie la croyante : nous aussi, nous serons des croyants !

Bernadette, c’est un peu comme une fleur de montagne au bord d’un ruisseau.

C’est simple, c’est difficile à décrire tellement c’est simple, mais sous la lumière du soleil on ne se lasse pas de la regarder. On la regarde et on est heureux en la regardant parce qu’on sait que cette petite fleur a vaincu le froid, qu’elle a percé la neige, qu’elle a poussé sur un terrain pierreux et difficile, et on ne s’attendait pas à la trouver là.

On sait aussi qu’elle sera à nouveau vaincue par l’ombre, par le froid et par la neige, et qu’elle ressurgira encore, aussi belle, aussi simple.

Beaucoup de ceux qui parcourent les chemins rocailleux de la vie et qui ont assez d’humilité pour s’émerveiller des choses toutes simples, beaucoup ont remarqué cette petite fleur des montagnes, Bernadette, qui a poussé malgré le froid, la misère, la dureté de la vie, qui a fleuri au soleil de Marie, cette petite fleur que le vent de la critique, du scepticisme, de la menace n’a pu plier, que la chaleur des flatteries, des courbettes, de l’argent, n’a pu étouffer, dessécher.

Beaucoup ont remarqué cette fleur qui sera vaincue par l’hiver de la maladie, bien jeune encore (mais une fleur de montagne n’a pas beaucoup de temps pour s’ouvrir), petite fleur tellement accrochée par ses racines à la souche de la Croix qu’on sait qu’elle renaîtra après l’hiver. (…) Une fleur aperçue au bord d’un chemin de montagne, elle donne courage pour continuer la montée. On la regarde longuement, on reprend son souffle et on repart.

Père André Cabes

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