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Les évêques débattent de la formation des prêtres

#Lourdes  L’avenir des séminaires en France a occupé le début des discussions des évêques, réunis à Lourdes depuis vendredi pour leur Assemblée plénière d’automne.
Ils doivent en effet adapter au contexte français les nouvelles directives sur la formation des futurs prêtres, publiées en décembre 2016.

Lorsque Mgr Jorge Carlos Patron Wong a invité les évêques français à consacrer leurs « meilleurs prêtres » à la formation des séminaristes, un murmure, mêlé de stupeur et de perplexité, a parcouru, samedi matin, les rangs dans l’hémicycle Sainte-Bernadette à Lourdes. Comme si le secrétaire de la Congrégation pour le clergé, chargé des séminaires (lire La Croix du 2 novembre), venu spécialement pour présenter les nouvelles orientations édictées par Rome en la matière, avait touché l’un des points sensibles : comment l’Église de France peut-elle répondre à cette exigence de la Ratio fundamentalis, publiée en décembre 2016, eu égard au faible nombre de prêtres disponibles ?

« Pour de bons parents, le meilleur investissement, c’est la formation de leurs fils. Si Rome formule ce souhait, c’est que nous avons observé que les prêtres, lorsque leur formation avait été particulièrement soignée, suscitaient eux-mêmes de nombreuses vocations par leurs témoignages », a expliqué plus tard Mgr Patron Wong devant la presse.

« Un défi, particulièrement pour l’Europe »

De manière générale, une certaine inquiétude transparaissait dans les quelques interventions épiscopales qui ont suivi la présentation du texte « Le don de la vocation presbytérale ». Au premier chef, comment concilier la dimension intellectuelle des études, particulièrement la philosophie, avec le nouvel objectif de former des « disciples missionnaires » ?

« Nous savons que cet aspect représente un défi, particulièrement pour l’Europe, assume Mgr Patron Wong. Si des formateurs s’inquiètent, c’est parce qu’ils ne sont pas eux-mêmes de bons disciples missionnaires. Mais si un prêtre n’est pas formé pour être un bon pasteur, toutes ses connaissances intellectuelles ne lui serviront à rien. C’est ce que dénonce le pape François quand il parle de mondanité spirituelle. Cette nouvelle vision est à son image : c’est un père, un grand-père, pas un intellectuel. »

Les évêques vont désormais devoir s’atteler à la traduction des directives de la Ratio fundamentalis dans le contexte français. En effet, liberté est laissée aux conférences épiscopales de rédiger une Ratio nationalis, dont la dernière version date de 1985. Ce travail, associant directeurs de séminaires, formateurs, supérieurs de congrégation et évêques volontaires, devrait être publié d’ici à deux ans.

« On aura les meilleurs, mais ils n’existeront pas ! »

« La Ratio nationalis doit aboutir à un développement des objectifs du disciple et du pasteur. Mais il faut se garder d’une sorte de normativité universelle ou même nationale des moyens, car nous sommes dans une situation de pénurie telle, qu’à la limite il n’y aura plus de séminaires. On aura les meilleurs, mais ils n’existeront pas ! », a prévenu le cardinal André Vingt-Trois. « Nous ferons avec nos moyens, sans céder au défaitisme », lâche un évêque expérimenté, rejoignant le souci de réalisme de l’archevêque de Paris.

C’est que les évêques français, qui auront consacré à la « Ratio » pas moins de quatre séances de leur Assemblée plénière d’automne, connaissent bien l’état des forces et les perspectives d’avenir. « En trente ans, la situation a changé », résume Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris et président de la commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale (Cemoleme). « Depuis trente ans, de grandes évolutions sont intervenues : par exemple les propédeutiques sont de plus en plus nombreuses et, de plus en plus souvent, des séminaristes se préparent à intégrer des diocèses où les prêtres en activité se raréfient. »

La question de la fermeture de certains séminaires

Un point statistique, particulièrement éclairant, leur a été présenté vendredi par le père Jean-Luc Garin, supérieur du séminaire de Lille et responsable du Conseil national des grands séminaires. Chiffre marquant, le nombre de séminaristes en France a chuté de 30 % en seize ans, passant de 976 en 2000 à 662 en 2016. Parmi les 32 séminaires et maisons de formation, celle de la communauté Saint-Martin rassemble, à elle seule, un séminariste sur six.

Quant aux séminaristes diocésains, la moitié d’entre eux sont regroupés dans cinq séminaires (Fréjus – Toulon, Toulouse, Issy-les-Moulineaux, Rennes et Paris). Les évêques le savent : la question de la fermeture, à terme, de certains séminaires, est clairement posée.

Bruno Bouvet et Gauthier Vaillant, envoyés spéciaux à Lourdes (Hautes-Pyrénées) , le 05/11/2017 à 16h20

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