Transport: un enjeu de foi ?
Originaire de Tréguier (France), Nicole Monterian, 66 ans, est une inconditionnelle de Lourdes. Reconnue handicapée à 100 %, elle y vient chaque année depuis le décès de sa maman. « Pour moi, Lourdes c’est vital, il faut que j’y aille sinon il me manque quelque chose », confie-t-elle. Son pèlerinage n’est rendu possible qu’avec le concours d’hospitaliers de sa région qui prennent soin d’elle et de toutes les autres personnes malades du pèlerinage, à Lourdes, bien sûr, mais aussi durant tout le voyage aller-retour, désormais effectué à bord de cars-ambulances. « Avant, nous venions avec un train Corail équipé de voitures-ambulances, explique Nicole, mais l’organisation des trains de pèlerinages étant devenue trop complexe ces dernières années, nos responsables se sont résolus à louer des bus et à abandonner le train. »
« La dégradation du service de transport des pèlerins par train spécial à destination de Lourdes s’est observée de manière symptomatique », confirme Francis Dias, le coordinateur des pèlerinages pour le Sanctuaire. Selon lui, elle s’explique par la volonté affichée de la SNCF de supprimer définitivement les trains Corail au profit de TGV non équipés de voitures-ambulances. « Cette volonté est aujourd’hui effective dans les faits, affirme Francis Dias, et le prix du billet TGV va augmenter de 10 à 15 % pendant plusieurs années. » L’homme-orchestre des pèlerinages ne cache pas ses inquiétudes : « Les TGV dédiés aux pèlerinages sont des trains réguliers que la SNCF met à la disposition de Lourdes. Les TGV sont très sollicités durant les vacances scolaires. Conséquence directe : sur 30 jours de vacances, 15 sont interdits à tout transport de pèlerins ! »
Que l’on ne s’étonne plus de voir de plus en plus de cars circuler dans la cité mariale ! Le virage du “tout bus” a été pris par la majorité des organisations de pèlerinages. « Nous descendons sur Lourdes à bord de 23 cars : 9 cars-ambulances et 14 cars ordinaires, témoigne Pierrette Rolland, présidente de l’Hospitalité de Saint-Brieuc. Le temps du trajet n’est pas supérieur à celui du train. Le bus a aussi un bon côté : on s’arrête déjeuner à mi-parcours, à Saintes, où un repas chaud nous est servi par l’Hospitalité de Charente-Maritime. »
Depuis l’an 2000, les compagnies de cars implantées à Lourdes ont progressivement investi dans l’acquisition de cars-ambulances PMR (“Pèlerins à Mobilité Réduite”) et ce sont elles qui sont appelées à aller chercher les pèlerins malades aux quatre coins de la France et même dans d’autres pays. «Chaque car-ambulance coûte 370 000 euros, expliquent à l’unisson Lucien Manterola et Alain Guiraud, deux de ces autocaristes. Nous avons fait des investissements lourds. Ce qui nous inquiète, c’est que nous n’avons pas la capacité immédiate de répondre à toutes les demandes, nos bus PMR ayant un nombre limité de places. Comment tous les pèlerins malades pourront-ils venir à Lourdes ? Le train Corail avait ses inconvénients mais il rendait le pèlerinage accessible à tous ! » Selon eux, « l’avenir de Lourdes ne peut pas s’imaginer sans le train». Leur constat rejoint la conviction de l’une des organisations de pèlerinages italiennes, l’UNITALSI. « À partir d’une étude que nous avons réalisée il y a deux ans, explique son président Salvatore Pagliuca, on a pu estimer que le transport en bus nous empêcherait d’acheminer vers Lourdes au moins 6 000 pèlerins malades, soit la moitié de ceux que nous transportons aujourd’hui en train. »
Bus ou train ? Faut-il privilégier l’un de ces moyens de transport ? À l’évidence, non. Josette Bourdeu, conseillère générale des Hautes-Pyrénées et maire de la cité mariale, évoque l’ouverture de la ligne aérienne Madrid-Lourdes : « Les visiteurs d’Amérique du Sud arrivent en Europe essentiellement par la capitale espagnole. Il fallait faciliter leur venue à Lourdes. » Pour ce qui est de la problématique des trains, elle pense à de nouveaux projets : « La chute spectaculaire du nombre de trains de pèlerinages arrivant à Lourdes est une catastrophe. Impossible de baisser les bras d’autant que je reste persuadée que le message de Lourdes, c’est l’accueil des personnes malades. » Mgr Nicolas Brouwet, évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes, l’a aussi clairement rappelé dans ses récentes orientations pastorales pour le Sanctuaire : « À Lourdes, les pèlerins malades et handicapés ont la première place. Nous savons que leur nombre est en diminution, notamment ceux qui sont les plus gravement atteints. Notre mission consiste à rendre leur pèlerinage possible et fructueux. » Il ajoute : « Souvent, ce sont des personnes malades ou handicapées qui évangélisent les personnes bien portantes par leur attachement au Christ. Par leur prière, parleur joie et leur confiance dans le Seigneur, elles fortifient notre espérance. »
À Lourdes, la question du transport des pèlerins malades est ainsi plus qu’un simple sujet d’actualité. C’est un enjeu de foi.
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