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Les prêtres choqués “n’ont pas peur”

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À Lourdes plus qu’ailleurs, la célébration de la messe a pris un écho particulier pour les célébrants suite à l’odieux assassinat dont a été victime le père Jacques Hamel dans son église mardi matin. Pourtant, pour les prêtres, pas question de se laisser envahir par l’appréhension et même la peur. Qu’ils soient français ou étrangers, le discours reste le même, il faut continuer, dans la foi, à l’instar du père Don Pietro, venu d’Italie : « Moi, je n’ai pas peur. Bien sûr, je suis très choqué par ce meurtre. Un prêtre qui est en train de dire la messe dans l’église, une personne qui s’avance jusqu’à l’autel et qui l’égorge, c’est atroce. Je n’ai pas peur de célébrer des offices mais je crains que les gens, les fidèles, les brancardiers aient peur de venir ».

Un avis partagé par Mgr Ernesto Menghini, Italien lui aussi : « Bien sûr que je vais continuer à célébrer la messe, je suis tranquille avec beaucoup de foi ».

“Peut-être c’est ma dernière messe”

Le père André Cabes, recteur des Sanctuaires, avoue pour sa part une appréhension lors de la messe internationale, mercredi matin, 24 heures après le drame : « C’est vrai que j’y ai déjà pensé lors de la messe de minuit et lors de l’ouverture de la messe, quand j’étais en première ligne, je me suis dit peut-être que c’est ma dernière messe ».

Un attentat qui fait un écho particulièrement douloureux à l’expérience personnelle du recteur qu’il dévoile avec pudeur : « Un prêtre qui verse son sang, cela m’a fait penser à mon frère, jeune prêtre qui a été poignardé dans les rues de Tarbes. Lui aussi s’est vidé de son sang et quand nous célébrons la messe, nous parlons de don du sang et don du corps. Donner son sang, c’est se donner humainement, c’est là que nous sommes attendus, notre sang mêlé à celui du Christ même si on ne le cherche pas, bien sûr. L’Évangile, c’est l’inverse du kamikaze, le sang versé l’est pour la vie du monde et non pour la mort, car nous devons être sur un chemin d’amour. Lorsque je pense à ce prêtre qui n’a pas eu le temps de dire la messe et qui a été égorgé comme ça… L’amour et la vie sont plus forts que la haine et la mort, j’en suis persuadé ».

DELPHINE PEREIRA pour LA DEPECHE

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