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#Lourdes 2021, Le spectre d’un drame

“2021 est le spectre d’un drame humain sans précédent à Lourdes”, ville paralysée par la crise sanitaire

Jeudi 1er octobre 2020, Christian Gélis, président de l’Union des métiers des industries hôtelières dans les Hautes-Pyrénées, a dressé un bilan alarmant pour Lourdes face au covid.

« Un drame humain sans précédent. » Les mots sont forts. Ils sont prononcés par Christian Gélis, président de l’Union des métiers des industries hôtelières dans les Hautes-Pyrénées, au moment de se projeter vers 2021. Ce jeudi 1er octobre, pour Actu.fr, il a fait un point de situation concernant Lourdes, toujours paralysée par la crise sanitaire.

« Lourdes est dans un état absolument déplorable »

Actu : Nous venons de franchir les trois-quarts d’une année marquée par la crise sanitaire. Quel bilan tirez-vous pour Lourdes et les Hautes-Pyrénées ?

Christian Gélis : La saison sera faite à hauteur de 7-8% de son chiffre annuel. L’année dernière, on a fait 3 millions de nuitées. Cette année, si on peut atteindre les 250 000… C’est quelque chose qu’on avait intégré. On a signé, hier matin, une lettre au Premier ministre avec le président de la CCI et deux autres syndicats patronaux, pour alerter solennellement de la gravité de la situation. Lorsqu’il y a eu le déconfinement, les gens sont partis en vacances. Mais tout ce qui était tourisme cultuel, religieux ou spirituel, c’est resté à la traine. Surtout pour les destinations qui avaient un fort pourcentage de clientèle étrangère, ce qui était le cas de Lourdes à hauteur de 60%. On n’a pas vu un étranger… Le total, c’est qu’on termine, à Lourdes tout spécifiquement, dans un état absolument déplorable.

Le comité interministériel du tourisme avait annoncé vouloir bâtir une feuille de route pour Lourdes. Avez-vous eu des retours depuis ?

C.G : Il devait en effet y avoir une feuille territoriale, spécifique à Lourdes. A l’heure ou je vous parle, mystère…. On nous en parlait pour début octobre ! Depuis la visite de Bruno Le Maire, il y a eu des annonces. Nous avons, début juillet, travaillé en atelier à la demande de l’Etat pour proposer des demandes spécifiques. Aujourd’hui, le seul indice que nous avons, c’est que la région portera des mesures pour Lourdes éventuellement en décembre 2020. Ce n’est pas octobre… Aujourd’hui, j’ai 20-25% des acteurs du tourisme sur le territoire qui plieront le genou au 31 décembre quand ils vont voir arriver le bilan, s’ils n’ont aucune perspective d’un mieux être. La profondeur de l’incise du problème doit nous amener à penser sur des mesures spécifiques, inédites et sans doute temporairement hors du droit commun. Je crois que pour l’instant, les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure… Je n’en veux à personne, mais je tire la sonnette d’alarme. Nous allons à la catastrophe.

« Beaucoup de gens baissent les bras »

Justement, ces acteurs du tourisme qui sont en première ligne face à la crise économique liée au coronavirus, que vous disent-ils ? Que ressentez-vous chez eux ?

C.G : Ce que je constate, c’est que moralement, un certain nombre d’entre-eux commence déjà à baisser les bras et s’accoutumer à l’idée qu’ils vont crever. Le collectif des travailleurs saisonniers se bat, ne parvient pas à obtenir grand chose, et tout le monde se rend compte que peut-être, ces annonces n’étaient que de la communication. Les gens sont en train, pour beaucoup, de baisser les bras. Tous les jours, je vois des gens qui avaient des entreprises solides, et mêmes ceux-là flanchent. Nul ne pouvait imaginer qu’un tel plongeon pouvait se produire. 90% de repli de l’activité sur 2020, pendant toute une saison… Avec la perspective de se retrouver à 80% en 2021. Désormais, ce n’est plus une prédiction mais bel et bien une prévision appuyée sur des données. Dans ces conditions-là, il n’y a plus d’espoir. Vous allez me dire, à Lourdes il nous reste peut-être l’espérance. Mais concrètement, il n’y a plus grand espoir…

De l’autre côté, il y a aussi l’épidémie qui semble revenir et implique une interdiction de rassemblements massifs, dont ceux des pèlerins qui sont vitaux à Lourdes…

C.G : Là ou le problème va présenter une particulière acuité, c’est que, en théorie, fin septembre, 90% du planning de groupe de la destination est contractualisé, les contrats sont signés. Aujourd’hui, aucune réservation autour de la clientèle de groupe ou de rassemblement n’est enregistrée pour 2021. Ce qui laisse augurer un repli de l’activité de 70 à 80%. Et on ne programme pas un déplacement de plusieurs milliers de personnes un matin en claquant des doigts. Même si la situation s’améliore, ces opérateurs ne peuvent pas mettre en route une logistique qui n’a pas démarré assez tôt. Je ne suis pas en train de dire que l’Etat doit sauver Lourdes. Il doit chercher avec tous les moyens de maintenir Lourdes en état de survie. Il faut trouver des moyens de maintenir un état de survie, un tissu économique de survie parce que de toute façon, s’il n’y a pas d’activité, il n’y a pas de chiffre d’affaire et contre cela, personne ne peut rien.

D’énormes inquiétudes pour 2021… et pas que

Comment percevez-vous la suite, quand on sait que les incertitudes liées au coronavirus demeurent encore nombreuses à ce jour ?

C.G : 2021, c’est le spectre d’un drame humain sans précédent, équivalent à ce qu’il s’est passé dans le nord quand on a fermé les usines textiles, à Thionville et dans les environs quand on a fermé la sidérurgie. On va se retrouver avec des centaines de gens sur le carreau, comme si on avait fermé une très grosse boite ! On a plus de 1 000 travailleurs saisonniers employés qui n’ont pas signé de contrat, qui vont se retrouver avec des droits à l’aide de retour à l’emploi (ARE) qui ne seront pas rechargés. Si la situation se poursuit, ils risquent de se retrouver en fin de droit et vont devoir aller chercher des Allocations de solidarité spécifique (ASS) ou le revenu de solidarité active (RSA), soit moins de 500 euros par mois pour vivre. Voilà ce qui se pointe à l’horizon. L’incertitude du covid, elle est générale. Quand on voyage, il faut des transports. L’état du transport aérien, les perspectives peu réjouissantes… On pense qu’on ne reviendra pas à un transport aérien normal avant 2024 pour certains et 2026 pour d’autres. Lourdes ,c’est 3.5 voire 4 millions de personnes qui viennent chaque année, il faut bien qu’elles arrivent par un schéma de mobilité collectif, massif, ils ne viendont pas tous en voiture…

Pour élargir au niveau départemental, les Hautes-Pyrénées sont-elles aussi dans des perspectives aussi sombres que Lourdes ?

C.G : Dans les Hautes-Pyrénées, au niveau du reste du massif, le thermalisme est a peu près aussi en panne que Lourdes. Le tourisme dans les Hautes-Pyrénées, c’est 35% du PIB du département, c’est-à-dire quatre fois plus que dans n’importe quel autre département touristique francais. C’est colossal. L’inquiétude est là, c’est pour ça que nous avons saisi le Premier ministre cette semaine. Si l’épidémie devait durablement impacter les destinations de masse telles que Lourdes, c’est un paradigme humain, et pas que lourdais, qui changerait. On peut discuter très longtemps et toute la vie d’un possible retour à la normale. Je suis convaincu que des crises de cette ampleur-là, à l’égal des conflits mondiaux, ne vous restituent pas tout à fait la vie d’avant. L’après covid ne sera pas comme l’avant covid. Je ne suis ni médecin ,ni politique, mais si cette situation de confinement, de restrictions devait durer trop longtemps, je ne suis pas sur que sociétalement ça tiendrait le coup…

Quentin Marais pour ACTU.FR

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