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#Lourdes, pasteur évangélique parle aux évêques

Le rapprochement des évangéliques et des catholiques passe par Lourdes

Le pasteur Etienne Lhermenault s’est exprimé devant l’Assemblée des évêques réunie à Lourdes. Un symbole fort du chemin parcouru entre catholiques et protestants évangéliques.

« Je suis reconnaissant de ce qui vient de se passer ». Etienne Lhermenault goûte encore l’événement. Président du Conseil national des évangéliques de France (Cnef), le pasteur a délivré le 5 novembre un bref « message » (synonyme de sermon, dans la culture évangélique) aux évêques catholiques de France, réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière. C’est la première fois qu’un représentant du protestantisme évangélique était reçu à cette occasion, avec le nom de « délégué fraternel ».

« Je connaissais déjà le sanctuaire de Lourdes ! », confie Etienne Lhermenault, qui s’y était rendu alors qu’il était étudiant en théologie évangélique. Cette fois, c’est au milieu des évêques catholiques, réunis en travaux, qu’il a retrouvé les rives du Gave. « C’était très intéressant, raconte le pasteur, j’ai retrouvé dans les discussions la même question qui nous préoccupe : que la structure ecclésiale serve la mission, et pas l’inverse ! » Parmi les évêques rencontrés, le président du Cnef évoque l’archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier, « un homme d’unité », proche des évangéliques de la Cité phocéenne, et le cardinal Barbarin, avec qui il a eu des « échanges fructueux ».

Cette rencontre est le fruit de vingt ans de dialogue, notamment à travers le Groupe national de conversations catholiques-évangéliques, qui a publié en août dernier l’ouvrage Évangéliser aujourd’hui. Des catholiques et des évangéliques s’interpellent (Salvator, Exclesis). Le symbole est fort : l’Église catholique en France reconnaît la réalité institutionnelle évangélique, facilitée par le fait que le Cnef rassemble 70 % des « unions d’Eglises », réseaux de paroisses selon des traditions (baptistes, pentecôtistes…) et sensibilités, de cette confession.

Un christianisme plus explicite

« Je pense aussi que l’Église catholique est heureuse de trouver en nous un christianisme plus explicite ! Cela répond à des attentes fortes, par rapport aux positions libérales luthéro-réformées. Beaucoup d’évêques ont pu me le dire », estime Etienne Lhermenault. En effet, les récentes commémorations des 500 ans de la Réforme attestent une nouvelle fois de la durable division du protestantisme français, entre luthériens et réformés, majoritairement libéraux sur le plan théologique, et évangéliques, attachés à l’anthropologie chrétienne. Lors de l’évènement strasbourgeois « Protestants en Fête », les 27 et 29 octobre, censé célébrer l’unité protestante autour du souvenir de Martin Luther, le Cnef s’est retiré de l’organisation, pour protester contre le « militantisme LGBT » de certains groupes luthéro-réformés.

Face à cette nouvelle donne, évangéliques et catholiques se sont découvert une proximité spirituelle. « Bien qu’il reste entre nous des désaccords sérieux sur les sacrements, les ministères et l’Église, nous avons en commun de saluer en Jésus, le Christ, crucifié et ressuscité, notre sauveur et maître. Et d’avoir reçu de lui la mission d’aller par le monde pour faire de toutes les nations des disciples », a prêché le pasteur Etienne Lhermenault aux évêques de France, citant saint Paul: « Oui, tandis que, d’un côté, les Juifs réclament des signes miraculeux et que, de l’autre, les Grecs recherchent ’’la sagesse’’, nous, nous prêchons Christ mis en croix, ce qui est une cause de rejet pour les Juifs et une folie pour les Grecs. Mais pour tous ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1 :22-24).

« Dans un monde où la désespérance est telle, il est difficile de ne pas mettre en avant notre foi commune ensemble. Lors de la loi Taubira, nous nous sommes retrouvés dans les mêmes manifestations ! », rappelle le président du Cnef, qui évoque aussi la nécessité de défendre ensemble la liberté d’expression et de culte face au sentiment antireligieux, et de participer aux mêmes œuvres sociales. « La sécularisation fait que nos Églises se retrouvent. L’Église catholique était hier dominante, et nous étions ultra minoritaires en France. Maintenant, le catholicisme est globalement moins nombreux, mais plus confessant. Il a généralisé des pratiques qui se rapprochent des nôtres, comme l’évangélisation, le baptême des adultes (les évangéliques baptisent uniquement les grands adolescents et adultes, pouvant rendre témoignage de leur foi, Ndlr), et le rôle des laïcs dans l’Église. Nous sommes plus capables de nous comprendre », explique Etienne Lhermenault.

Un dialogue en vérité

Symbole d’une prise de conscience des évêques catholiques à l’égard des évangéliques, la venue du président du Cnef à Lourdes est aussi significative d’une plus grande maturité au sein de ses ouailles envers le catholicisme. Persuadés, entre autres, que le baptême des enfants est « invalide », et que la dévotion mariale est une « idolâtrie », certains pasteurs et fidèles se livrent encore à un prosélytisme agressif dont souffrent les catholiques, notamment en milieux tzigane et afro-antillais, où les chrétiens des deux confessions se côtoient au quotidien. Dans son message aux évêques, Etienne Lhermenault n’a pas caché la « grande frilosité chez une partie des unions d’Églises membres du Cnef à l’endroit de tout dialogue avec l’Église catholique », ni les différences théologiques fortes qui subsistent, sur les sacrements, l’ecclésiologie et les ministères.

« Les sacrements se limitent chez nous au baptême et à la Sainte Cène, qui est essentiellement vue comme un mémorial », avance le pasteur. L’Église n’est pas médiatrice du salut pour un évangélique, et il n’y a pas de réelle consécration des ministres du culte. « Nous sommes conscients que nous avons des progrès à faire sur la dimension collective du salut, car nous ne sommes pas chrétiens tous seuls ! De même, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait une certaine reconnaissance des ministres du culte, pour éviter les dérives », reconnaît le président du Cnef.

Pourtant, sur les questions du salut et de la justification par la foi, griefs fondateurs de la Réforme protestante, les responsables évangéliques ont compris qu’ils étaient moins éloignés qu’ils le pensaient des catholiques. Ce qui permet un dialogue profond, et exigeant. « Aujourd’hui, la base évangélique est plus avancée sur les institutions dans les relations avec les catholiques », juge Etienne Lhermenault, qui note que, pour beaucoup d’évangéliques, le terme « œcuménisme » est mal compris. « Ils ont peur d’un relativisme doctrinal. Mais la grâce actuelle de ce dialogue interconfessionnel est que nous discutons en vérité. Il reste beaucoup de choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Nous nous le disons avec bienveillance, et nous n’essayons pas de faire croire qu’on a effacé toutes les différences, par émotion », perçoit le pasteur, convaincu que c’est la seule condition pour avancer réellement dans l’unité des chrétiens. Son invitation à Lourdes prouve qu’il n’est pas le seul.

Merci a famillechretienne.fr

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