Cinq cars sont partis de l’Yonne, vendredi matin, pour transporter près de 270 pèlerins icaunais jusqu’à Lourdes. Ils y passeront six jours.
Ils ne devaient arriver qu’à 6 h 45. Mais ils étaient tous là avant. Impatients. Pressés de prendre le départ.
Vendredi matin, à la gare routière des Migraines, à Auxerre. Des dizaines de pèlerins sont à quais 270 au total. Les valises à leurs pieds, prêtes à s’engouffrer à fond de cale.
Tous y vont pour différentes raisons. Leurs propres raisons, qui échappent parfois à la raison. Serge Wallez laisse sa canne le soutenir. Il regarde le ciel pour trouver une explication à ces voyages qu’il entreprend chaque année. Pour trouver une réponse. « Lourdes, j’y vais pour le confort, finit-il par avancer. Le confort moral. Là-bas, il faut y croire. Croire à la guérison. Ça me fait du bien de caresser la grotte. »
Il a aujourd’hui 58 ans. Le sanctuaire, il s’y repose depuis 1984 et ses voyages interminables en train de nuit. Serge Wallez s’en souvient comme si c’était hier. Les couchettes. Les compartiments. Les précieux moments de solitude, à l’arrière du train, entre chien et loup. Les paysages qui défilent. Il n’est pas question qu’il rate un voyage à Lourdes. « De toute façon, vu mes moyens, c’est le seul que je peux faire. »
Onze heures de route
C’est le cas de « beaucoup d’entre eux, souffle le chauffeur du car en manœuvrant la nacelle métallique. Seuls toute l’année, ils viennent pour retrouver des amis. Pour vivre des moments qui se rapprochent des vacances. Ensemble. »
Celui que « tout le monde appelle Dédé » est peut-être de ceux-là. Toujours le premier assis dans le car, à regarder le ballet des fauteuils roulants qui s’installent dans le car rouge sombre. Son pourquoi à lui tient en un seul mot : « Merci. J’y vais pour dire merci. » Le reste, il le balaye d’un revers de la main en regardant pensivement à travers la vitre. Sur le trottoir, Pascale tire sur sa clope.
La dernière avant de monter dans le car pour onze heures de route. Elle qui est sage-femme de profession part comme « infirmière. Qui peut le plus peut le moins », lâche-t-elle dans un éclat de rire. Huit ans qu’elle embarque à cette période. Et « c’est toujours un vrai bonheur. » Elle va à Lourdes, mais « ça aurait pu être ailleurs ». C’est l’humain qui l’anime. Pas le religieux.
René, ni l’un ni l’autre. Il « respecte », mais reste ici. C’est sa femme qui est dans le bus. Comme chaque année « depuis qu’elle a 15 ans. Il y a des gens, comme ça, avec une croyance très forte. Dans ce car-là, il y a un ancien directeur d’entreprise avec toute sa famille. Moi aussi j’étais enfant de chœur étant gosse. Ça ne m’empêche pas de penser différemment. »
Ces différences-là, les 270 pèlerins aussi partent avec. Ils ne reviendront certainement pas sans. Mais peut-être auront-ils trouvé la force d’attendre une année de plus.
Willem van de Kraats
Ludovic Berger
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